« Sensibiliser les plus jeunes à la démarche scientifique est un puissant levier pour renforcer le lien Science et Société » : entretien avec Nathalie Dompnier, présidente de l’Université Lyon 2

Dans le cadre de son groupe de travail « Science et société », présidé par Virginie Dupont, France Universités consacrera un séminaire le 15 décembre prochain au rôle de l’Education dans le renforcement des liens entre la science et la société. La production de connaissances scientifiques et technologiques joue un rôle essentiel dans la réponse de nos sociétés aux défis environnementaux, énergétiques, sanitaires et économiques. Or, le rapport entretenu par les citoyens face à la science est ambivalent : il est à la fois plein de curiosité, mais aussi de défiance.

Nathalie Dompnier, présidente de l’Université Lumière Lyon 2 et vice-présidente du groupe de travail, revient sur le rôle indispensable de la science dans la compréhension de la réalité et des enjeux de notre société, et donne des pistes pour renforcer ces liens.  

Pour elle, « dans une société toujours en quête d’immédiateté et de certitudes, expliquer que la recherche est faite de doute et de tâtonnements, qu’elle nécessite aussi une grande modestie, est indispensable ».

Quel rapport les citoyens entretiennent-ils avec la science ?

Le rapport à la science est très diversifié et parfois ambivalent. Il existe un véritable goût pour la science, un intérêt, une curiosité. La science vient répondre à un besoin d’explication du monde qui nous entoure et à une volonté de se doter d’outils pour répondre aux enjeux de notre société. Elle permet aussi de voyager dans le temps (on sait le succès que rencontrent l’archéologie ou encore l’histoire) et dans l’espace (dans les sociétés les plus éloignées des nôtres comme dans les mondes de l’infiniment petit et de l’infiniment grand). Mais il existe aussi parfois des formes de défiance envers la science, des remises en cause du discours scientifique, des contestations de sa légitimité.

Rapprocher les citoyens de la science, c’est partager les résultats de la recherche et permettre à toutes et tous de s’en emparer pour mieux appréhender la complexité du monde et pour nourrir les débats de société, pour lutter aussi contre la désinformation et les « fake news ». France Universités s’est d’ailleurs mobilisée sur le sujet en organisant des journées sur les désordres de l’information.

Dans quelle mesure l’éducation est-elle une clé pour renforcer ces liens ?

La sensibilisation des plus jeunes à la démarche scientifique et son apprentissage dans le cadre scolaire, à travers les méthodes pédagogiques des enseignants et à l’occasion d’ateliers et de rencontres avec des chercheurs, est sans doute un puissant levier pour renforcer ces liens. Le développement actuel des recherches participatives associant citoyens et chercheurs autour d’enjeux de société offre également l’occasion de fructueuses rencontres entre sciences et société. Pour déployer ces actions et pour relever ces nouveaux défis, de nombreuses universités se sont investies et ont mobilisé leurs équipes dans la formation continue et l’accompagnement en sciences et technologie des professeurs du premier et du second degré. Mais il est aussi indispensable que les universités se dotent de moyens pour mieux former, accompagner et soutenir les chercheurs et notamment les doctorants que ces démarches passionnent souvent.

Il s’agit aussi de mettre à disposition du plus grand nombre des clefs de compréhension et des outils pour penser et pour agir et de donner à voir la manière dont se construit la science et dont progressent les connaissances scientifiques. Dans une société toujours en quête d’immédiateté et de certitudes, expliquer que la recherche est faite de doute et de tâtonnements, qu’elle nécessite aussi une grande modestie, est indispensable.

Dans cette optique, France Universités s’implique dans de nombreux évènements: organisation depuis 2014 du concours ma thèse en 180 secondes et du forum des nouvelles initiatives en médiation scientifique; ouverture de la Maison de la Recherche -Maison Irene et Frédéric Joliot-Curie- à Bruxelles ; riches partenariats avec la fête de la Science, le festival Pariscience, la nuit européenne des chercheur.e.s…

Dans quelle mesure les universités s’emparent-elles de ce défi ? Quel est l’objet du groupe de travail « science et société », lancé par France Universités en 2021 ?

De longue date déjà, les universités œuvrent à la diffusion des savoirs, bien sûr à travers les enseignements, mais également avec des conférences grand public, des interventions dans les médias, des expertises, des collections et musées, des formations consacrées à la médiation et à la communication scientifiques… Dans le cadre des démarches de « Sciences avec et pour la société », elles s’attachent aujourd’hui à mieux structurer ces actions, à renforcer les liens avec les centres de culture scientifique, technique et industrielle et avec de nombreux partenaires impliqués dans la médiation scientifique et les sciences participatives. En mars 2021, le réseau des vice-présidents Science et Société est d’ailleurs créé.

Et en novembre 2021, France Universités créé le groupe de travail « Science et société » fédérant les président.e.s d’université, le réseau des VP Science et Société et des invités ponctuels.  L’enjeu : accompagner les universités dans leurs réflexions et impulser de nouvelles initiatives.

Rendez-vous le 15 décembre prochain à La Fondation del Duca : inscription obligatoire.

→ s’inscrire au séminaire.