Le Plan d’Efficacité Énergétique des Campus à l’horizon 2030 (PEEC2030), une démarche exemplaire
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Le Plan d’Efficacité Énergétique des Campus à l’horizon 2030 (PEEC2030), une démarche exemplaire

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    Crédit photo : France Universités – Université Bretagne Sud

    Du fait de leurs missions, les universités sont des lieux et des acteurs d’influence au sein des territoires. Par leur exemple, elles doivent inspirer la fabrique des villes. Par l’innovation, le PEEC2030 permet l’émergence d’un cadre de conception pour de nouvelles solutions, économes en coût de fonctionnement et de réalisation, en matières premières et en émission de gaz à effet de serre et adaptées aux missions des universités pour la mise en œuvre des transitions sociétale et environnementale.

    Les vulnérabilités des campus face à la crise énergétique

    Les universités françaises subissent les crises énergétiques actuelles. Les inflations du prix du gaz et de l’électricité observées depuis la guerre en Ukraine font s’envoler les factures d’énergies impactant la capacité d’investissement des universités à moyen terme. Avec près de 15 millions de m² de surface utile brute, le patrimoine de l’enseignement supérieur représente 20% du patrimoine immobilier de l’Etat. Et plus d’un tiers relève du qualificatif de « passoires énergétiques ».

    Les plans de sobriété ne seront pas suffisants sans transformation structurelle. La rénovation énergétique du patrimoine universitaire associant une réadaptation fonctionnelle devient urgente pour répondre aux enjeux climatiques de 2030 et 2050 et pour reconstruire les conditions de soutenabilité durable.

    Une stratégie patrimoniale et de transitions pour ré-habiter les campus

    Le Plan d’Efficacité Energétique des Campus à l’horizon 2030 s’inscrit dans une vision vertueuse portée par France Universités depuis 2016, permettant de ré-habiter les campus universitaires et d’assurer leur entretien dans la durée. Le PEEC2030 a pour ambition de créer une Université exemplaire des transitions, en définissant une stratégie patrimoniale planifiée, ambitieuse et volontariste, tournée vers ses territoires et sa communauté universitaire. Le programme s’inscrit dans une trajectoire de sobriété et de solutions décarbonées. En 2022, on comptait 26 établissements impliqués. En 2023, c’est l’ensemble des membres de France Universités qui s’implique dans la démarche pour la mise en œuvre du plan climat de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

    A partir de la définition d’un premier Pilote par établissement en réseau, le modèle systémique peut être répliqué par tous les bâtiments publics au niveau local, national et européen.

    La massification qualitative comme enjeu de soutenabilité budgétaire

    Dans les années 1960 et 1970, les pouvoirs publics français construisent un grand nombre de campus universitaires, sans vision écologique ni énergétique : les bâtiments sont vite construits et à faible coût. L’architecture se ressemble, et ces similitudes permettent aujourd’hui d’engager une rénovation massive et qualitative, avec l’ensemble des acteurs.

    L’engagement d’une stratégie basée sur une approche systémique et planifiée permettra la maîtrise des coûts pour une réalisation soutenable de la rénovation. Les économies réalisées par la réduction de consommation permettront aux universités de dynamiser leur capacité d’investissement pour leurs missions principales de formation de recherche.

    Le PEEC2030 s’inscrit dans une itération de l’action en trois phase : préfigurer les Pilotes, les répliquer et les généraliser, pour une rénovation globale, en accélérant les objectifs du décret tertiaire pour des campus exemplaires à l’horizon 2030.

    Des pilotes pour préfigurer les transitions

    Un pilote permet de circonscrire un champ d’action au sein d’un campus, point de départ à la mise en œuvre d’une rénovation globale. Il intègre en les hiérarchisant toutes les dimensions systémiques de la rénovation en mobilisant les leviers d’innovation nécessaires à cette transformation. Il permet de redéfinir les conditions de re-conception indispensable à une soutenabilité forte : financière, architecturale, technique, écologique et sociétale. Conduit par une maitrise d’usage, il remet la vie de campus au cœur d’une co-conception en y associant l’ensemble des parties prenantes.

    La maîtrise de la rénovation pour l’exemplarité et le développement de nouvelles filières

    Les campus exemplaires en cours sont des démonstrateurs des innovations : la démarche PEEC2030 incite, par exemple, à des opérations de recyclage et de réemploi. Elle contribue à l’allongement de la durée de vie des objets et des matériaux de construction. Elle réduit le volume mis en décharge et elle abaisse la consommation de matières premières pour fabriquer les solutions de rénovation. Par ailleurs, la massification de la rénovation permet le développement de filière de recyclage et de réemploi en créant et en dynamisant les filières industrielles en transition, pour un développement économique dans les territoires.

    La démarche PEEC 2030 est ainsi un axe structurant du Contrat Stratégique de la Filière des Industries Pour la Construction.

     

    Trois instruments pour la mobilisation, la construction de solutions et le pilotage

    L’observatoire PEEC 2030 pour piloter les transitions

    La démarche PEEC2030 a contribué à développer deux instruments :

    • Le premier est un outil de prospective financière associé à une stratégie patrimoniale liée aux enjeux de la politique de l’établissement. Il a pour ambition de révéler les conditions et les potentiels à développer aux regards des objectifs poursuivis. Il explore les leviers du financement de la rénovation tout en s’inscrivant dans une démarche systémique qui dépasse le seul sujet immobilier, associant formation, recherche, vie de campus, territoires. Il prend en compte les spécificités de chaque université et permet d’objectiver les marges et les risques associés.
    • Le second instrument est un observatoire en cours de constitution. Outil de pilotage en réseau inter établissements, il permet de mutualiser et d’objectiver les données caractéristiques propres à chaque campus, de définir des profils de consommation par typologie, d’évaluer les performances au regard des investissements réalisés, constitutifs de démonstrateurs. De plus, associé à la prospective financière, l’observatoire est un dispositif stratégique pour accompagner une trajectoire de rénovation soutenable des campus dans une démarche d’amélioration continue, pour définir un Pilote, suivre ses caractères de réplicabilité dans le cadre d’une massification de la rénovation, en sécurisant la démarche par des contrats d’objectifs et de moyens.

    Le contrat d’objectifs et de moyens pour des ambitions de performance et d’exploitation durable

    La rénovation des campus permet la transformation d’un patrimoine, qui ne répond pas aux urgences climatiques et environnementales, dans une démarche d’accompagnement de l’ESR à la formation aux transitions. Les enjeux de la rénovation des campus sont liés à la transformation d’une dette technique, conséquence d’un patrimoine inadapté énergétiquement et fonctionnellement.  Les réponses apportées doivent être maîtrisées, rapides et qualitatives. Pour sécuriser le mode de financement, le PEEC2030 s’appuie sur une démarche de contrat d’objectifs et de moyens.

    Ceci traduit la volonté de renforcer la dimension stratégique par la mise en place de contrats et d’évaluations associant investissement et performance attendus et constatés. L’observatoire joue un rôle pour la sécurisation et le pilotage de cette performance nécessaire à la soutenabilité durable tant dans ses dimensions économiques, sociales et environnementales.

    L’engagement s’articule autour de 3 axes : la maîtrise des coûts intégrant investissement et fonctionnement, la validation des objectifs de performance de rénovation à atteindre, et l’implication des dispositifs de formation et de recherche de l’ESR, dans un cadre d’amélioration continue à partir de l’existant. Sept leviers sont identifiés pour créer une économie de réalisation et d’exploitation durable. Ils sont à mobiliser en fonction des contextes de chaque établissement.

     

    Le challenge coopératif inter campus comme fabrique de solutions

    Associant rénovation et formation, le challenge coopératif inter campus est un cadre pour une fabrique de solutions de transition pour les enjeux climatiques, écologiques et sociétaux. Les investissements pour la rénovation et la transformation des campus dynamisent la construction de nouveaux savoirs et l’engagement de chacun : tous ensemble pour le climat et pour les enjeux de transition ; tous ensemble pour les 17 objectifs de développement durable.

    Dans la droite ligne du rapport Abbadie-Jouzel, il s’agit de mettre en place un dispositif de formation par l’action pour co-construire des visions de transformation des campus universitaires intégrant la formation aux transitions. Les campus se muent en terrain d’appropriation des transitions en devenir, en lieu d’expérimentation pour l’ensemble des acteurs de la communauté universitaire et de leurs parties prenantes. Le regard est porté collectivement, conduisant à une appropriation commune des trajectoires de transitions. Les universités en chantier deviennent des chantiers-écoles, s’enrichissant en retour d’une démarche d’intelligence collective.

    Chaque équipe interdisciplinaire aura pour objectif d’imaginer et d’expérimenter des outils de la transition pour leurs campus. Ainsi, chacune d’entre elles aura pour mission de rendre compte des dynamiques de projet de transformation en cours et de mettre en perspective les trajectoires et les solutions au regard du contexte de leur campus et de leur territoire. Le challenge s’inscrira dans des projets de fin d’étude, des projets pédagogiques semestriels, des études de cas, des workshops interdisciplinaires. La mobilisation des étudiants, en dehors de la formation à proprement parler, sera possible via les associations étudiantes, les hackathons ou encore les chantiers d’été.

    Campus de la Doua, Université Lyon 1 (Archive Photographique de l’université Claude Bernard Lyon 1 / DR)

    Lire l’interview de Mathias Bernard, président de l’Université Clermont-Auvergne et membre du CA de France Universités : « Transition écologique et sociétale : du volontarisme et des idées pour des campus exemplaires »

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