La CPU, actrice en Europe : l’éclairage de Luc Hittinger
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La CPU, actrice en Europe : l’éclairage de Luc Hittinger

France Universités : date de publication

    Depuis juin dernier, Luc Hittinger, ancien président de l’université Paris-Est Créteil, est devenu délégué permanent de la CPU, à Bruxelles où il succède à Jean-Pierre Finance. Grâce à sa présence dans la capitale belge, la CPU fait entendre la voix des universités françaises dans le paysage européen, et notamment auprès des institutions européennes. Au cours de cet entretien, Luc Hittinger revient sur le rôle et l’influence de ce bureau délocalisé et met en lumière la position de la CPU au cours des grandes crises que traverse l’Europe actuellement.

    CPU : Quelles sont les grandes lignes du plan d’action de la CPU à Bruxelles pour les années à venir ?

    Luc Hittinger : Nos projets sont nombreux mais notre priorité est de renforcer la dimension européenne au sein des établissements. Pour agir, nous disposons de plusieurs leviers.
    Tout d’abord, nous proposons d’élargir la dimension de la politique européenne des établissements grâce à l’engagement des présidents d’université ; c’est pour cela, par exemple, que nous organisons à leur intention un séminaire, le 15 Septembre prochain, à Bruxelles.

    Ensuite, nous souhaitons renforcer les liens entre le bureau de la CPU à Bruxelles et les vice-présidents en charge des relations internationales, dans le cadre de la commission relations internationales de la CPU (Corie), les vice-présidents Recherche au sein de la commission recherche et les responsables des questions liées à la formation des universités dans le cadre de la commission formation.

    Nous avons également l’intention de développer des interactions avec la Commission européenne dans le cadre du Club des Organismes de Recherche Associés (Clora)1 .
    Il faudra aussi mettre en place des rencontres régulières et des expertises avec l’Association européenne des universités (EUA ) et multiplier les actions avec les conférences des présidents d’universités allemandes, espagnoles, italiennes, au travers de prises de positions conjointes. Le bureau de la CPU continuera à œuvrer dans les groupes de travail pour faire évoluer le processus de Bologne et aider le ministère à proposer des objectifs lors de la prochaine conférence interministérielle organisée par la France en 2018. La CPU sera par ailleurs force de propositions pour le programme Erasmus +.

    Enfin, nous envisageons d’accroître le nombre des correspondants Europe2 au sein des universités.

    Quel est le programme de la réunion des présidents d’université à Bruxelles, le 15 septembre prochain ?

    Cette journée donnera à la Commission Européenne l’occasion de faire entendre sa voix sur les futurs enjeux universitaires européens sur des sujets comme, par exemple, l’évolution du programme Horizon 2020 et la préparation du futur programme cadre ou encore la politique de cohésion entre la Commission européenne, les régions et les universités, les politiques d’Enseignement supérieur et les enjeux d’Erasmus + et enfin l’influence politique française à Bruxelles.

    De plus, nous aurons l’honneur de recevoir le vice-Président de la Commission européenne en charge de l’emploi, de la croissance, de l’investissement et de la compétitivité, Jyrki Katainen et, Carlos Moedas, le Commissaire Européen à la recherche, à la science et à l’innovation.

    Le programme de la journée prévoit des interventions des membres de la commission européenne, des représentants du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et des représentants des régions et des présidents d’université/ de Comues qui feront part de leurs expériences.

    Comment le bureau de la CPU à Bruxelles contribue-t-il à l’influence française auprès des instances européennes (Clora, EUA, commission et parlement européens, régions et entreprises) ? Y a-t-il des pistes d’amélioration possibles ?

    Le bureau de la CPU à Bruxelles porte ses propositions grâce à ses membres qui siègent au Clora. Ces derniers organisent des journées thématiques, publient des lettres d’information, mais aussi émettent des recommandations sur des sujets d’intérêts de la Commission européenne (définition des prochains programmes-cadres, financement, gouvernance plus transversale de la Commission européenne).

    La CPU à Bruxelles participe également à différentes réunions organisées par la Commission européenne, au club des bureaux de chacun des pays (IGLO) ce qui permet des échanges et des prises de position communes, et la participation aux rencontres régulières avec les autres conférences des présidences européennes notamment allemande, polonaise, espagnole, portugaise…

    Depuis plusieurs mois, nous œuvrons au renforcement des liens entre le Clora et les régions. Dans un second temps nous renforcerons ceux avec les entreprises . Notons que régulièrement, le Clora organise, des journées thématiques à destination de ses membres : les deux dernières se sont tenues l’été dernier sur la thématique du « 3 0 » et sur « quelle stratégie de dissémination pour maximiser l’impact d’un projet européen » ? La prochaine aura lieu le 20 septembre prochain sur la Cyber sécurité, co-organisée avec l’alliance Allistène.

    Quelle position la CPU adopte-t-elle face aux crises que traverse l’Europe en ce moment ? (crise dans l’Education et l’Enseignement supérieurs turcs, conséquences du Brexit en matière d’ESR, crise des migrants). Quelle est sa capacité d’action et d’influence?

    Les positionnements de la CPU sont bien évidemment différents en fonction des sujets.

    Concernant la crise turque, la CPU a rédigé une position commune avec l’Association européenne des universités (EUA) et une pétition est en cours de signature.

    Pour le Brexit, la CPU a témoigné de sa solidarité avec les universités anglaises pour maintenir les collaborations dans les domaines de la recherche et de la mobilité des étudiants. Cela dit, à ce stade, il est difficile de se positionner plus en avant compte tenu des aspects politiques qui demeurent à préciser côté britannique et côté européen.

    Enfin, sur la crise des migrants, un certain nombre d’universités ont organisé des actions. Nous les comparons et nous dialoguons avec nos collègues d’autres pays pour savoir quels types d’action nous devons entreprendre et quels sont nos devoirs en termes d’accueil des migrants. Dans tous les cas, la CPU, grâce notamment à son bureau à Bruxelles, porte haut la voix de la France et les valeurs qui y sont associées.

    1 Le Clora compte 32 membres parmi lesquels 5 permanents de la CPU : Luc Hittinger, Jean-Pierre Finance, Eric Foucher, Jean-François Huon, et Anne-Marie Quelin

    2 Ingénieurs qui accompagnent les chercheurs français dans le cadre des appels d’offre européens

    116
    membres
    2 millions
    d'étudiants
    3000
    laboratoires de recherche
    82
    prix Nobel