Autonomie et patrimoine universitaire : pour Natacha Bedhiaf, « les universités devront innover et être audacieuses »
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Autonomie et patrimoine universitaire : pour Natacha Bedhiaf, « les universités devront innover et être audacieuses »

France Universités : date de publication

    Invitée à s’exprimer sur les enjeux de l’autonomie pour le développement des campus et un patrimoine durable, lors du colloque annuel de la CPU qui se déroule actuellement, Natacha Bedhiaf est chargée de projets PIA 3 – SUR à la Banque des territoires (Groupe Caisse des dépôts). A ce titre, elle accompagne les universités dans leur réflexion stratégique sur la transition énergétique et la gestion de leur patrimoine. En 2007, la loi LRU donnait aux universités la pleine propriété de leurs bâtiments. Dix ans plus tard, quels sont les bienfaits et les manques d’une telle prérogative ? Quelles sont les pistes pour le futur ? Autant de questions auxquelles Natacha Bedhiaf nous apporte des éclairages, à travers cet entretien.

    CPU : Depuis 2008, la Caisse des Dépôts soutient les schémas directeurs d’aménagement et de développement des campus sur de nombreux sites. 10 ans plus tard, quels sont les acquis en matière de patrimoine, rendus possibles grâce à l’autonomie ?

    Natacha Bedhiaf : La Caisse des Dépôts accompagne les universités sous plusieurs formes. D’abord, nous avons co-financé de nombreuses études et notamment les schémas directeurs d’aménagement et immobilier (et leur volet énergétique). 

    Ces études ont permis aux établissements de s’approprier pleinement les sujets patrimoniaux et de définir des stratégies immobilières au regard du contexte de l’établissement et de son environnement socio-économique. 

    Ces études ont mis en lumière l’état du patrimoine universitaire, son potentiel, et les actions à mettre en œuvre pour faire de ce patrimoine non plus une charge, mais une ressource, une opportunité au service des missions de l’établissement et de ses ambitions : attractivité, bien-être sur le campus, valorisation…

    A partir de là, des stratégies patrimoniales ont pu être déclinées au service de la stratégie globale de l’Université. 

    Ces études ont aussi permis de répondre aux préoccupations des établissements, notamment sur le volet énergétique. Les factures de fluides (eau, électricité…) ne cessent de s’alourdir. Pour les établissements qui ne pourraient plus avoir les moyens de payer, cela pourrait devenir un point de rupture. La question énergétique du parc immobilier universitaire très énergivore est alors centrale.

    Nous avons, dans cette logique, proposé notamment aux établissements un dispositif « Intracting » permettant la réalisation d’actions de performance énergétique avec des taux de retour sur investissement inférieur à 10 ans, grâce à l’accompagnement de la Caisse des Dépôts et des actions de l’économe de flux de l’établissement. Les résultats sont là !

    Aujourd’hui, la Caisse des Dépôts a la charge d’un programme visant à valoriser l’immobilier et les ressources immatérielles des établissements. En quoi cela pourrait-il être source de valorisation pour les universités ? 

    La Caisse des Dépôts est l’opérateur pour le compte de l’Etat de l’action Sociétés Universitaires et de Recherche dans le cadre du Programme d’investissement d’avenir (PIA 3). 

    Cette action vise la valorisation des actifs matériels et immatériels des universités et l’accroissement des ressources propres des établissements. Les leviers sont réels, et les établissements disposent d’atouts valorisables, notamment sur le volet immobilier car souvent ce patrimoine immobilier est riche, bien situé et attractif. Si dans un premier temps, le dispositif semble complexe à mettre en œuvre, c’est en raison de la démarche attendue de l’Université qui devra raisonner comme un investisseur dans ces projets. 

    Aujourd’hui plus encore, les universités savent qu’elles devront innover et être audacieuses pour dégager de nouvelles ressources financières dans un contexte budgétaire contraint. Nous devons de ce fait, et collectivement, dépasser une logique reposant sur du tout subventionnel pour développer de nouvelles ressources au bénéfice de la stratégie de l’établissement. En cela la démarche investisseur est intéressante car elle vise l’efficience des ressources dont dispose l’établissement, et ce, en cohérence avec l’exercice des missions de service public.

    La Caisse des Dépôts accompagne les établissements dans leurs démarches sans se substituer aux différentes assistances à maitrise d’ouvrage nécessaires pour la constitution des dossiers de candidature. Elément positif, l’intérêt des SUR grandit et des projets se structurent. A suivre…

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