Retour sur le congrès de « France Universités »
Ce jeudi 13 janvier 2022, France Universités organisait son Congrès, dernier évènement de son 50ème anniversaire, en format « hybride ». Près de 300 participants ont pu assister au Congrès dans le Grand amphithéâtre de la Sorbonne, dans le respect des règles sanitaires en vigueur. 1200 spectateurs ont pu suivre les échanges et les interventions en direct sur les réseaux sociaux tout au long de la journée.
Conçu autour de séquences thématiques, avec le souhait d’une diversité de points de vue, l’évènement a permis de revenir sur le rôle fondamental des universités dans les transformations économiques et sociétales de notre pays, de s’interroger sur les grands défis à venir et la façon dont les universités peuvent y répondre. M. Emmanuel MACRON, président de la République, s’est exprimé en fin de journée pour saluer la mobilisation de la communauté universitaire pendant la crise sanitaire et dresser un certain nombre de pistes possibles. M. Manuel TUNON de LARA, président de France Universités, a présenté les orientations et les propositions pour l’Enseignement supérieur et la Recherche de la conférence en vue des prochaines élections présidentielle et législatives.
- Le Congrès de transformation de la Conférence des présidents en France Universités
Manuel TUNON de LARA, président, Mme Virginie DUPONT, vice-présidente, et M. Guillaume GELLÉ, vice-président, ont dévoilé France Universités, nouveau nom d’usage de la Conférence des présidents d’université, témoignant d’une volonté de mieux correspondre au rôle actuel de la conférence, et de mieux porter ses nouvelles ambitions :
– passer d’une représentation personnelle à une vision plus institutionnelle : France Universités représente, non des individus, mais des établissements dans la diversité de leur assise territoriale, de leur taille et du potentiel de formation, de recherche et d’innovation qu’ils représentent et qui constituent la richesse de notre système ;
– affirmer France Universités comme un meilleur levier de coopération entre les universités françaises, renforcer son rôle de corps intermédiaire, devenir un véritable outil d’autonomie, efficace exigeant et utile à la fois pour les établissements et pour l’Etat et améliorer sa lisibilité internationale.
- Des perspectives pour penser l’Université à l’horizon 2030
Le congrès a permis de consolider un certain nombre de constats sur la situation des universités et, d’autre part, d’apporter une vision prospective, contextualisant et éclairant les propositions établies pour cette circonstance par France Universités.
- Revoir la place de l’Université
La ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Mme Frédérique VIDAL, a dressé le bilan des cinq années passées, et remercié les présidentes et présidents d’université, directrices et directeurs d’établissements en faisant le bilan de l’action menée en commun, notamment en matière d’orientation, pour la recherche, et dans la gestion de la pandémie depuis mars 2020.
Différentes interventions ont ouvert des perspectives pour les années à venir. M. Gérard LARCHER, président du Sénat, a formulé le souhait que l’université « continue de susciter des vocations, notamment du métier de professeur : leur statut doit être valorisé et leur protection doit être assurée par les établissements avec le soutien de l’État ».
Sur le plan de la formation, la présidente de Régions de France, Mme Carole DELGA, a appelé les régions au soutien des filières de formation initiale et continue et de la recherche, « avec les universités, pour s’inscrire pleinement dans les mutations économiques, technologiques, environnementales ». Pour Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT, « il est extrêmement important de penser en même temps la formation initiale et la formation tout au long de la vie ».
Sur le plan de la recherche, le haut-commissaire au Plan, M. François BAYROU, a indiqué pour sa part que l’université doit être « reconnue comme l’interlocuteur naturel en matière de recherche », et proposé de lancer une réflexion sur un partenariat possible entre le haut-commissariat au Plan et France Universités.
Evoquant les marges de manœuvre des universités et le rôle qui leur est confié par la Nation, le Premier président de la cour des comptes, M. Pierre MOSCOVICI, a noté que « notre système universitaire s’est beaucoup transformé, et a la capacité pour s’imposer comme un modèle de haut niveau mondial. Mais pour cela, il faut lui donner les moyens d’agir ». L’université doit selon lui « redevenir un lieu de vie central pour la formation et la recherche, en plaçant l’étudiant au centre de ses préoccupations et en cherchant à accroître sa compétitivité à l’international » ; elle doit être « plus libre, mais également plus responsable, en un mot : plus autonome ».
- Investir dans l’Université
Le congrès a également été marqué par le constat unanime de la nécessité d’un investissement fort dans l’enseignement supérieur et la recherche. Mme Elise HUILLERY a ainsi présenté les conclusions de son rapport pour le Conseil d’Analyse Économique (CAE), co-rédigé avec Mme Gabrielle FACK, sur le financement de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ses constats sont clairs : le sous-financement public des formations universitaires est chronique, notamment en comparaison d’autres filières et en comparaison d’autres pays de l’OCDE, particulièrement en premier cycle, et aggravé par la croissance exponentielle du nombre des étudiants.
La même observation vaut pour la recherche et l’innovation. Ce sous-investissement explique que la France ait perdu du terrain face aux grandes nations scientifiques alors même que la qualité de la recherche française est reconnue, notamment par les groupes industriels attentifs à recruter des doctorants et des docteurs, comme l’a rappelé M. Pierre André de CHALENDAR, représentant l’UIMM. La loi de programmation pour la recherche est un commencement de réponse, mais qui il doit être poursuivi : Pour Mme Karine LACOMBE, infectiologue, professeure des universités-praticienne hospitalier à Sorbonne Université et à l’APHP, « on perd en France un nombre considérable de jeunes chercheuses et chercheurs du fait des faibles salaires et d’un manque de financement de la recherche ».
La présidente du Conseil Européen de la Recherche (ERC), Mme Maria LEPTIN, a également insisté sur « l’importance pour les gouvernements de garantir à la recherche fondamentale un financement solide et à long terme, et non un financement à court terme, afin d’éviter la fuite des chercheurs ».
Les enjeux sont en effet immenses, et plusieurs défis, climatiques, numériques ou sociétaux d’ores et déjà prégnants. Mme Valérie MASSON DELMOTTE, climatologue, a rappelé l’urgence de l’action sur la question climatique et la transition énergétique, et s’est dite « impressionnée par l’engagement des étudiants et des laboratoires universitaires » dans le domaine. C’est ainsi un appel puissant à investir sur la jeunesse qui a été lancé, et relayé dans une dernière table ronde, faisant intervenir des étudiantes et étudiants qui ont pu témoigner de leur parcours et de leur action.
- La Remise de trois Prix des Universités
Ce congrès a également été l’occasion de la remise de trois prix des universités, créés à l’occasion de son 50 ème anniversaire par France Universités :
- Prix de la Recherche, remis par Mme Karine LACOMBE, au Programme Intelligence Environnementale Commun, site UNIR, représenté par M. Luc AQUILINA (université Rennes 1) et Mme Véronique Van TILBEURGH (université Rennes 2)
- Prix de l’initiative franco-européenne au service des étudiants, remis par M. Guillaume GELLÉ, à la « Session inaugurale de l’Assemblée des étudiants européens pour l’Université », représenté par Mme Constance CHEVALLIER-GOVERS, université Grenoble Alpes (UGA)
- Prix de l’engagement étudiant à MM. Salim KERIM, Arthur FOSSIER, Corentin DUQUESNE, Thomas PEIXOTO pour l’Organisation de la Journée amiénoise du Sport et du handicap (université Picardie Jules Verne)
- Clôture du congrès par M. Manuel TUNON de LARA, président de France Universités, et par le président de la République, M. Emmanuel MACRON.
En visio-conférence depuis le palais de l’Elysée, M. Emmanuel MACRON est intervenu en clôture du congrès.
Saluant l’engagement des universités pendant la pandémie en matière de santé, de recherche, de continuité pédagogique, et de solidarité avec les étudiants, il est revenu sur le rôle des universités au sein de la société.
« Vous êtes, oui, un partenaire essentiel des pouvoirs publics. J’ai pu le mesurer pleinement depuis deux ans que notre pays est plongé dans une épidémie mondiale sans précédent. » Et de poursuivre : « Nous sommes à mi gué de l’autonomie des universités. […] Nous devons aller vers plus d’autonomie en termes d’organisation, de financement, de ressources humaines ». Pour M. Emmanuel MACRON également, il faut continuer d’élargir, d’approfondir encore les coopérations universitaires comme les universités européenne « pour leur permettre d’attirer les meilleurs talents du monde entier en Europe. Et nous devons consolider ces avancées de la façon la plus concrète, la plus mesurable grâce à des projets, comme le diplôme européen ».
Le Président de la République a ensuite formulé différentes pistes possibles d’évolution de l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche. Celles-ci permettent de mettre l’université et l’organisation de l’enseignement supérieur et de la recherche à l’agenda de la présidentielle et conduiront l’ensemble des candidats à contribuer à un débat sur le sujet encore balbutiant.
C’est précisément pour nourrir et orienter ce débat qu’avant cette prise de parole du président de la République, le président de France Universités, Manuel TUNON de LARA, a annoncé la publication des propositions portées par France Universités dans le contexte particulier des élections présidentielle et législatives.
Ces propositions portent sur la jeunesse et les étudiants, qu’il s’agit d’accompagner et de faire réussir dans les études supérieures, avec de meilleures conditions d’études, un nouveau système de bourses, en confiant aux universités le pilotage de la vie étudiante et la coordination de ses acteurs à l’échelle des territoires, et en engageant dès 2022 une Loi de programmation de l’enseignement supérieur.
Elles portent sur la recherche, avec l’objectif de redevenir une grande nation scientifique, en continuant de rendre attractifs les métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur par la revalorisation des carrières au-delà de ce que prévoit la Loi de programmation de la recherche, et en clarifiant le rôle des organismes nationaux et l’organisation de la recherche dans notre pays, notamment les rôles d’orientation stratégique, d’agence de moyens et d’opérateurs ainsi que les missions confiées dans ce cadre.
Elles ont aussi pour but d’anticiper et de réussir grâce à l’université les transitions qui nous attendent : transformation numérique, transition énergétique et environnementale, évolution de la recherche et de la formation en santé, renforcement des liens entre science et société.
Elles portent une vision des universités fondée sur davantage d’autonomie, qui va de pair avec un changement de la relation avec l’Etat fondée sur la confiance et adossée à un contrat d’objectifs et de moyens pluriannuel, donnant sens à l’évaluation qui en est la contrepartie. C’est une invitation à repenser la définition, la conduite et le suivi des politiques publiques bien au-delà de celle touchant l’enseignement supérieur et la recherche.
Le Président TUNON de LARA a enfin rappelé l’attachement de l’ensemble de la communauté universitaire à la liberté académique, à une science libre, garantissant des droits humains fondamentaux dont chacun devrait partout pouvoir bénéficier, et attiré l’attention de tous sur la situation de la chercheuse française Fariba ADELKHAH, à nouveau emprisonnée en Iran.
Les perspectives et propositions dressées tout au long du congrès de France Universités sont donc à verser aux débats des échéances démocratiques à venir pour une université plus forte à la hauteur des ambitions de la nation.
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Revivre le Congrès de France Universités sur notre chaîne Youtube.
Revoir le discours du président de la République sur le site de l’Elysée.
Retrouvez les propositions portées par France Universités pour les élections présidentielle et législatives
Consulter le livre « CPU, 50 ans de transformations avec les universités françaises », réalisé à l’occasion des 50 ans de France Universités
France Universités remercie chaleureusement l’ensemble des intervenants du congrès :
Sarah BILOT, déléguée générale d’Animafac ;
Aurélien BROSSARD, vice-président étudiant de l’Université de Poitiers ;
Pierre-André de CHALENDAR, président de Saint Gobain ;
Carole DELGA, présidente de Régions de France ;
Elise HUILLERY, professeure à l’Université Paris Dauphine, membre du Conseil d’Analyse économique ;
Gérard LARCHER, président du Sénat ;
Karine LACOMBE, professeure des universités-praticienne hospitalier à Sorbonne Université et à l’APHP ;
Marylise LÉON, secrétaire générale adjointe de la CFDT ;
Valérie MASSON DELMOTTE, directrice de recherche au CEA, membre du GIEC ;
Pierre MOSCOVICI, premier président de la Cour des comptes ;
Jordan POTHAIN, étudiant à l’université Grenoble Alpes, sportif de haut niveau ;
Pascale SENELLART-MARDON, directrice de recherche au CNRS, professeure, co-fondatrice de la société Quandela ;
Bruno SPORTISSE, président-directeur général de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique ;
François BAYROU, Haut-commissaire au plan ;
Frédérique VIDAL, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ;
Emmanuel MACRON, président de la République.
Et les présidentes et présidents d’universités :
Alain BUI, président de l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines ;
Mathias BERNARD, président de l’Université Clermont-Auvergne ;
Virginie LAVAL, présidente de l’Université de Poitiers ;
El Mouhoub MOUHOUD, président de l’Université Paris Dauphine ;
Pierre MUTZENHARDT, président de l’Université de Lorraine ;
Christine NEAU-LEDUC, présidente de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ;
Philippe RAIMBAULT, président de l’Université Fédérale Toulouse-Midi-Pyrénées ;
Sylvie RETAILLEAU, présidente de l’Université Paris-Saclay ;
Gilles ROUSSEL, président de l’Université Gustave Eiffel.
France Universités remercie, pour leur soutien, ses partenaires : Banques populaires, CASDEN, GMF, Groupe Caisse des dépôts, MAIF, MGEN.
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