Interdisciplinarité et pluridisciplinarité » : des clés pour rendre les centres hospitalo-universitaires toujours plus performants : l’éclairage d’Yvon Berland
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Interdisciplinarité et pluridisciplinarité » : des clés pour rendre les centres hospitalo-universitaires toujours plus performants : l’éclairage d’Yvon Berland

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    En cette journée mondiale de la santé, analysons les liens qui unissent universités et hôpitaux, et qui s’incarnent dans les 32 centres hospitalo-universitaires en France. Pour « assurer soins, formation, recherche et innovation au plus haut niveau de connaissances », les CHU ont un rôle essentiel. Pour Yvon Berland, Professeur Émérite de Médecine, président d’Aix-Marseille-Université de 2004 à 2019, et actuellement conseiller pour les questions de Santé à la CPU, des voies d’amélioration existent : une collaboration accrue avec d’autres disciplines, notamment les sciences humaines, mais aussi la physique, les mathématiques ; et des moyens humains et financiers à sauvegarder envers et contre tout. 

    CPU : Pouvez-vous nous décrire les liens entretenus entre les universités à composante Santé et les Centres hospitaliers universitaires (CHU)?

    Yvon Berland : Dans leur construction même, les CHU réunissent en leur sein l’hôpital et l’Université. Créés en 1958 par les ordonnances Robert Debré, les CHU avaient vocation à être le vaisseau amiral de la médecine française.  Ils existent par une convention qui lie un centre hospitalier à une université avec des composantes santé. Cette convention précise le rôle de chacun pour assurer soins, formation, recherche et innovation au plus haut niveau des connaissances. Les professeurs (PU_PH), dont l’employeur principal est l’Université dont ils dépendent, exercent leur activité de soins au CHU.

    Quels sont les freins actuels ? Quelles voies pour fluidifier et améliorer encore la collaboration ?

    Ce qui fait l’identité du CHU est son rôle dans la formation des professionnels de santé, la recherche médicale fondamentale et appliquée et l’innovation. Mais aujourd’hui, les universitaires en santé sont très sollicités par les activités de soins et moins disponibles notamment pour la recherche. Il faut être attentif à ce que les équipes dans chaque spécialité atteignent une masse critique suffisante pour conserver la maitrise des 4 missions. Pour ne pas aller vers une désuniversitarisation du CHU , il faut veiller à des moyens humains suffisants et à une organisation médicale du CHU. 

    Par ailleurs, la collaboration entre le centre hospitalier et l’Université ne doit pas se limiter aux disciplines de santé mais doit s’élargir à d’autres disciplines sciences humaines notamment mais également physique, mathématiques, chimie etc… On a pu le constater au cours de la pandémie du coronavirus-19, avec l’utilité des modèles mathématiques qui ont permis de projeter les conséquences de la pandémie à échéance de plusieurs semaines. L’interdisciplinarité et la pluridisciplinarité doivent être au service de la santé dans les CHU. 

    Ces dernières années, quelles avancées ont permis de renforcer les liens entre les universités et les hôpitaux? 

    Ces dernières années, le Programme d’Investissement d’Avenir (PIA), qui a permis la création des instituts hospitalo universitaires (IHU), et des réseaux hospitalo universitaires (RHU), a donné une impulsion remarquable à la recherche en Santé dans les CHU. En effet, ils ont permis : 

    • – La constitution d’équipes pluridisciplinaires permettant d’aller de la recherche fondamentale à la recherche clinique jusqu’aux start up ;
    • – Une collaboration clairement établie entre le public et le privé ;
    • – L’acquisition de moyens financiers significatifs ;
    • – Une recherche avec un impact sociétal avéré.

    C’est ce modèle notamment de RHU qui doit pénétrer l’ensemble des CHU pour leur faire retrouver leur vocation initiale. 

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