« Intégrité scientifique-parlons-en » : revivez le colloque en vidéos
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« Intégrité scientifique-parlons-en » : revivez le colloque en vidéos

France Universités : date de publication

    Le 29 janvier dernier, l’université de Bordeaux organisait le premier colloque universitaire sur l’intégrité scientifique en partenariat avec la CPU et le Mouvement Universel pour la Responsabilité Scientifique-Intégrité Scientifique (MURS-IS). Faire se rencontrer les spécialistes de l’intégrité scientifique et les acteurs de la recherche : tel était l’enjeu de ce colloque dont les vidéos sont à présent disponibles.

    « L’intégrité scientifique est la condition et la crédibilité de la science » a affirmé Jean-Loup Salzmann, à l’occasion du colloque. Et  « les universités ont une responsabilité dans l’éthique en recherche », a ajouté Manuel Tunon de Lara, président de l’université de Bordeaux.

    Le temps d’une journée, 120 acteurs de la recherche ont suivis des conférences et pris part à des ateliers consacrés à l’analyse de situations réelles afin d’élaborer des recommandations pour prévenir et traiter les manquements à l’intégrité scientifique.

    Défendre l’intégrité scientifique
    La fraude peut être définie comme « une violation sérieuse et intentionnelle dans la conduite d’une recherche et dans la diffusion de résultats », excluant par la même « les erreurs de bonne foi ou les différences honnêtes d’opinion » (source : « Sur l’intégrité de la recherche : quelques considérations éthiques sur l’organisation et les pratiques de recherche », Lucienne Letellier, Revue Prétentaine no 27-28, 2011)

    La communauté scientifique s’accorde pour identifier trois grands types de fraude :

    La fabrication qui consiste à forger de toutes pièces les données d’une recherche ;
    La falsification qui consiste à altérer intentionnellement les données de façon à les rendre plus conformes aux hypothèses que l’on privilégie ;
    Le plagiat qui consiste à s’approprier les travaux ou les idées d’un autre à son insu et sans le créditer correctement.

    Le monde scientifique et de la recherche s’inquiète de ces dérives, qui semblent s’amplifier depuis une quinzaine d’années par la montée en puissance du web. Par ailleurs, la recherche se faisant dans un environnement de plus en plus compétitif, mondialisé et complexe, certains facteurs peuvent influer sur les conditions d’exercice des pratiques de la recherche et conduire à des manquements à l’intégrité scientifique.

    « La course à l’innovation, aux financements, à la publication […] constitue un cercle vicieux qui mène au plagiat, à l’erreur », a affirmé Claude Huriet, président du MURS-IS.

    Le phénomène est aujourd’hui pris au sérieux par tous les acteurs de la recherche : chercheurs, financeurs, institutions d’accueil, éditeurs scientifiques, etc.

    Pour Alain Blanchard, enseignant-chercheur et référent intégrité scientifique à l’université de Bordeaux, les universités ont un rôle primordial à jouer car elles « sont porteuses des valeurs universelles qui fondent l’intégrité scientifique ».

    Dès janvier 2015, une charte nationale de déontologie des métiers de la recherche avait été signée par la CPU et différents organismes de recherche à l’occasion du séminaire « Intégrité scientifique, responsabilités et engagements des établissements » le 29 janvier 2015 à l’université Pierre et Marie Curie.

    Un colloque centré sur le partage d’expériences

    La matinée s’est attachée à dresser un état des lieux de l’intégrité scientifique. Quand et comment est-elle apparue en France ? Et en Europe ? Quelle est la législation existante en la matière ? Au niveau national, c’est à partir de 1999 que l’Inserm a mis en place une politique volontariste en créant une délégation à l’intégrité scientifique pouvant procéder à des investigations.

    L’après-midi a laissé place aux retours d’expériences et à l’échange de bonnes pratiques entre les participants. Plusieurs établissements ont d’ores et déjà élaboré des guides, actes, et autres documents visant à sensibiliser et responsabiliser les chercheurs. Le colloque a donc permis de mesurer ces actions et de réfléchir à la mutualisation des moyens afin d’optimiser la mobilisation de la communauté sur cet enjeu.

    La formation, clé de voûte de l’intégrité scientifique

    « La sensibilisation par la pédagogie (auprès des doctorants et de la communauté universitaire, ndlr) constitue un élément important », a indiqué Claude Huriet, président du MURS. A l’issue de la journée, il a été décidé que des actions concertées entre les participants allaient se développer non seulement en matière de formation des jeunes chercheurs, de prévention mais aussi de de détection et de sanctions de pratiques frauduleuses.

    Ainsi, l’université de Bordeaux qui développe une formation numérique à destination des doctorants, propose de mettre cette ressource à disposition des partenaires intéressés.

    Par ailleurs, des stratégies pour mieux prendre en compte les fraudes sont souhaitables dans les institutions : comment dès lors détecter et évaluer ces situations. Quel type de sanctions et d’incitation sont nécessaires ? Et comment lutter contre les facteurs qui favorisent ces dérives ?

    Cédric Villani, médaille Fields, directeur de l’Institut Henri Poincaré et parrain de l’évènement a indiqué en conclusion que « nous devons reprendre inlassablement les questions éthiques, les transmettre et les enseigner, pour préserver notre cohésion, notre efficacité, notre réputation et par là même l’attractivité de nos métiers et leur impact auprès de la société ».

    La dynamique est lancée, renforcée par la mission confiée à Pierre Corvol, le 25 janvier par le secrétaire d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

    Le colloque de Bordeaux est appelé à devenir un rendez-vous annuel puisqu’un prochain évènement est prévu en 2017 à Nancy et en 2018 à Toulouse.

    Regardez les vidéos du colloque

    Zoom sur la mission confiée à Pierre Corvol
    Le 25 janvier dernier, Pierre Corvol, professeur émérite et administrateur honoraire du Collège de France, s’est vu confier par Thierry Mandon, une « mission de concertation et de propositions relatives à l’intégrité scientifique ». Celle-ci « doit permettre d’élaborer un bilan des actions mises en œuvre à l’étranger et en France afin de dégager des recommandations opérationnelles concernant l’organisation de l’activité de recherche » dans le but de « faciliter la mise en œuvre des bonnes pratiques d’intégrité scientifique ».
    Invité par la commission de la recherche et de l’innovation de la CPU, le 17 février dernier, Pierre Corvol a annoncé l’envoi prochain d’un questionnaire à l’ensemble des universités pour réaliser un état des lieux de la prise en compte de la problématique au sein des établissements. « Il est de la responsabilité de l’université de défendre la dignité de la science », a-t-il indiqué.
    Le rapport sera remis d’ici à fin mai 2016.

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