Formation organisée par la CPU : deux jours pour permettre aux présidents d’université d’endosser leur costume
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Formation organisée par la CPU : deux jours pour permettre aux présidents d’université d’endosser leur costume

France Universités : date de publication

    Alors qu’en 2016, une soixantaine d’universités ont renouvelé leurs instances dirigeantes, la CPU propose aux présidents d’université fraîchement élus, deux jours de formation, répartis en deux sessions : les 4 et 5 mai et les 18 et 19 mai prochains.
    Yves Lichtenberger, ancien président de l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée et conseiller à la CPU et Bernard Dizambourg, ancien président de l’université Paris-Est et conseiller à la CPU ont tous deux participé à l’élaboration du programme.
    Pour le site de la CPU, Bernard Dizambourg retrace les évolutions qui ont marqué, ces dernières années, la fonction de président d’université, facteur, selon lui, « à la fois d’opportunités mais aussi de contraintes nouvelles ».

    CPU : Quelles sont les grandes missions des présidents d’université ? A quels défis sont-ils confrontés ?

    Bernard Dizambourg : A mon sens, il y a dans la mission de président, deux dimensions complémentaires : d’un côté, il est celui qui donne une ligne directrice à l’établissement et veille à sa notoriété, notamment auprès des ministères, des collectivités locales, à l’international, mais aussi auprès des différents partenaires économiques et culturels. De l’autre, il s’attache à trouver des points d’équilibre au sein de son établissement entre les personnels administratifs, les enseignants-chercheurs et les étudiants. Le président doit être capable de rassembler les différents points de vue et de proposer une vision collective des évolutions dynamiques de l’université.

    Mais l’un des défis majeurs d’un président est de gérer le présent tout en préparant l’avenir. Le président évolue dans un univers complexe qui compte une très grande diversité d’activités dans le domaine de la formation et dans celui de la recherche. Les équipes sont à la fois nombreuses et avec des libertés d’initiatives. Le travail du président doit être managérial et politique. Ce n’est bien sûr pas nouveau, mais la complexité de l’environnement dans lequel évolue l’Université a rendu la fonction de président plus difficile et encore plus nécessaire !

    CPU : Les présidents sont-ils préparés à ce qui les attend ?

    Bernard Dizambourg : Lors de leur prise de fonction, les présidents découvrent souvent la complexité de leur mission. Il leur faut du temps pour se positionner et endosser pleinement leur costume de président. Et la gestion du temps est un élément essentiel de leur action. Lors de sa prise de fonction, un président découvre que le temps ne lui appartient plus vraiment tant il est sollicité de toute part, alors même qu’il aurait besoin de prendre régulièrement du recul. Cette tension-là est certainement l’élément le plus fort et le plus déroutant lors de la prise de fonction. C’est aussi cela qui en fait le côté passionnant.

    CPU : Depuis 10 ans, quelles sont les évolutions majeures qui ont marqué la fonction de président ?

    Bernard Dizambourg : Depuis les années 90, beaucoup de changements sont apparus comme la montée en puissance des régions qui sont devenues des interlocuteurs incontournables, le développement des formations professionnelles, l’accélération de l’innovation, la volonté grandissante du monde socio-économique de travailler avec l’université, l’internationalisation et la relation accrue avec les organismes de recherche.
    Alors que tous ces acteurs attendent beaucoup de leurs relations avec l’université, le président doit inscrire son établissement dans ce paysage multipolaire et multifacteur. Son talent réside dans sa capacité à faire des choix qui équilibrent les opportunités, les contraintes et toutes les résistances internes à l’établissement. Cette liberté est à la fois source d’opportunités, mais aussi de difficultés et de contraintes.

    S’il est juste de considérer que les évolutions législatives depuis dix ans, notamment la loi LRU, ont été un énorme coup d’accélérateur, il y a cependant quelques grandes étapes antérieures que je voudrais rappeler : le passage des facultés aux universités lors de la loi Faure de novembre 1968 qui accorde une autonomie renforcée aux établissements et crée la fonction de président d’université dans sa forme actuelle ; la mise en place progressive du mécanisme contractuel qui donne au président un outil de nature institutionnelle destiné à faire travailler l’ensemble des parties prenantes dans le cadre d’un projet collectif ; et à partir de 2007, avec la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (loi LRU), puis et avec la loi de juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, la montée en puissance des responsabilités des présidents de par l’accroissement de l’autonomie.
    D’autres phénomènes ouvrent des opportunités tout en instaurant des contraintes. Je pense notamment à la montée de l’internationalisation et de l’Europe, et au développement des appels à projets dans le cadre du Programme d’investissements d’Avenir (PIA).
    Aujourd’hui, les présidents sont donc plus que jamais confrontés à un paysage complexe et renouvelé, mais ils disposent de nombreux leviers pour agir.

    CPU : Quelles sont les responsabilités qui pèsent sur les épaules des présidents ?

    Bernard Dizambourg : J’en retiendrai trois : la responsabilité financière qui incombe, depuis 2007, aux chefs d’établissement ; la cohésion au sein de l’établissement, car, le président doit encourager des dynamiques souvent hétérogènes et leur donner de la cohérence ; et la préservation de l’excellence dans un contexte de compétition entre les universités. Le président doit veiller à ce que son université soit reconnue et attractive.
    Le défi du président est de trouver un juste équilibre entre ces trois pôles. On ne lui demande pas simplement d’être un gestionnaire, mais d’avoir une véritable une vision pour son établissement dans un monde en mouvement.

    CPU : Vous organisez deux journées de formation à la CPU pour les présidents nouvellement élus. Les thèmes choisis répondent-ils à des besoins spécifiques ?

    Bernard Dizambourg : Cette formation arrive en aval de trois jours de formation organisés par la CPU, en 2016, pour les nouveaux présidents dans la foulée de leur élection. Les deux jours de formation en 2017, arrivent donc un an après leur prise de fonction. Nous organisons deux sessions (les 4 et 5 mai prochains et une autre les 18 et 19 mai) au cours desquelles trois grandes problématiques seront à l’ordre du jour :

    – « Le dialogue social, ses formes et ses attentes » qui abordera la façon dont le président se situe par rapport à son équipe de direction, comment il travaille avec le directeur général des services (DGS), les vice-présidents, l’administration, et les organisations syndicales.
    – Les dynamiques de site et les transversalités aux établissements : il s’agit ici d’avantage de s’intéresser aux liens avec les ministères, avec les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST), avec les collectivités locales, les entreprises et les partenaires, notamment internationaux.
    – Le développement des ressources propres et la valorisation des campus.

    La formation, qui est réellement conçue comme un échange entre pairs, se déroulera en petits groupes ponctués de nombreux moments d’échanges. Il ne s’agit pas d’une formation académique et il y aura peu d’intervenants extérieurs. L’idée est de prendre en compte les interrogations des présidents, de les guider et de faciliter les échangent entre eux. C’est aussi une façon de créer un réseau et d’instiller une coopération plus grande entre les établissements.

    Enfin, en parallèle de cette formation, la CPU met en place des coachings individuels pour les présidents qui le souhaitent.

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