Disparition de Bernard Maris : l’Université perd un homme de grand talent
La communauté universitaire rend hommage à Bernard Maris, économiste, enseignant, écrivain et journaliste qui a été assassiné lors de l’attentat contre le journal « Charlie Hebdo », le 7 janvier dernier. Reconnu pour son art de la vulgarisation, l’ancien enseignant-chercheur était également connu du grand public pour ses interventions à la radio et à la télévision.
« Economiste brillant », « enseignant de talent », « humaniste érudit » : c’est par ces mots que Mireille Azzoug, directrice honoraire de l’Institut d’études européennes (IEE) de l’Université Paris 8 a qualifié celui qui a été pendant plus de 15 ans professeur d’Économie à l’IEE.
« Expliquer» tout « en faisant rire »
Né en 1946, Bernard Maris est diplômé de Sciences Po Toulouse en 1968 et obtient par la suite un doctorat en sciences économiques à l’université de Toulouse 1 en 1975 avec une thèse intitulée « La distribution personnelle des revenus : une approche théorique dans le cadre de la croissance équilibrée ». En 1994, il devient professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Toulouse, et en 1999, à l’Institut d’études européennes de l’Université Paris 8 où il dirige pendant un temps le doctorat d’études européennes et le Centre d’études des mutations de l’Europe. « Sans notes, au seul moyen de ses connaissances encyclopédiques, et de son talent oratoire consacré par les médias audiovisuels, Bernard Maris captivait son auditoire et façonnait des citoyens en créant les conditions de la permanence de l’esprit critique », comme le dit Jean-Marc Benammar, professeur associé à l’Université Paris 8 sur la page dédiée de l’université Paris 8. Et Gilles Raveaud, professeur à l’IEE, d’ajouter : « en tant qu’enseignant, il possédait avec brio ce qui est peut-être la qualité la plus importante : la capacité de surprendre, de provoquer, mais aussi et surtout d’expliquer, de décortiquer, et… de faire rire ».
Un « esprit libre et talentueux »
Oncle Bernard, pour reprendre le pseudonyme qu’il utilisait pour signer sa chronique économique dans « Charlie Hebdo », aimait manier le verbe autant que les idées. Grand admirateur de l’économiste anglais John Keynes, Bernard Maris prenait le contre-pied des théories capitalistes en mettant en avant l’illusion des bienfaits de la concurrence et de la compétition et aimait à rappeler que la valeur de l’économie peut naître aussi du désintéressement, du plaisir et de l’inutile. « C’est un esprit libre et talentueux que nous perdons aujourd’hui, en plus d’un délicieux collègue », a indiqué Jean-Marc Benammar.
Danielle Tartakowsky, présidente de l’université Paris 8, a quant à elle indiqué qu’« en [sa] personne, c’est la liberté d’expression, le rire libérateur et la démocratie qu’on a tenté de mettre à mort ». […] « Il est de notre responsabilité de nous dresser contre ceux qui entendent étouffer la raison, l’intelligence et tous les fondements du vivre ensemble », a-t-elle ajouté.