« Le plan stratégique de l’EUA repose sur une vision : des universités fortes en Europe ! »
Avec plus de 800 universités issues de 48 pays, l’Association des universités européennes (EUA) soutient plus de 18 millions d’étudiants et 1,8 millions de personnels. Elle est l’un des organismes collectifs universitaires les plus importants et les plus influents au monde et œuvre à l’excellence de ses membres en matière d’apprentissage, d’enseignement, de recherche et d’innovation. Basée à Bruxelles, elle entend porter la voix des universités auprès des décideurs européens. En 2020, le besoin d’universités fortes n’a jamais été aussi grand pour faire face aux défis sociétaux : l’EUA s’est ainsi dotée d’un plan stratégique dont Patrick Lévy, président du comité Europe de la CPU et membre du conseil d’administration de l’EUA, nous livre les contours. Elaboré à partir d’une concertation large et construite, le plan « entend aider les universités à remplir leur rôle de façon optimale, au service de la société ». Entretien.
A quels nouveaux défis les universités vont-elles être confrontées dans les années à venir ? Comment une EUA forte peut-elle contribuer à y répondre ?
S’ils peuvent varier d’un pays à l’autre, les défis auxquels vont être confrontées les universités en Europe ont néanmoins de grandes similitudes.
Tout d’abord, la question du financement reste posée partout compte tenu de l’afflux de nouveaux étudiants et des financements qui restent insuffisants, de façon variable selon les pays. Et la pandémie va déstabiliser nombre de modèles économiques !
L’autonomie et même dans certains cas, la liberté académique, sont par ailleurs remis en cause dans de nombreux pays européens. Il faut sans cesse démontrer l’importance de la formation et de la recherche, de la plus-value économique et de l’utilité sociale des universités. La connaissance et la recherche fondamentale sont également fréquemment mises en cause, ce qui est, à mon sens, préjudiciable car seule cette valeur essentielle sera capable de construire une citoyenneté européenne fondée sur des valeurs partagées.
L’EUA peut, à travers les missions qui lui incombent, aider les universités à répondre à ces différents défis. Elle est le porte-voix des universités en Europe et défend avec détermination la liberté académique, l’autonomie institutionnelle, l’intégrité, l’inclusion, l’égalité et l’équité, le développement durable, la responsabilité sociale et environnementale, la créativité et l’esprit critique. Elle peut aussi leur fournir des services et des expertises basés sur les compétences existantes en son sein ou au sein de ses membres. Elle permet également l’échanges de pratiques et la mise en place de projets collaboratifs en Europe et au-delà.
L’EUA a présenté un plan stratégique qui guidera l’action de ses membres dans les années à venir. Pouvez-vous nous le présenter ? Quelles sont ses priorités ?
Le plan stratégique repose sur une vision : des universités fortes en Europe ! Il entend aider les universités à remplir leur rôle de façon optimale, au service de la société.
Le plan stratégique a été élaboré à partir d’une concertation large et construite. L’ensemble des membres de l’EUA, et notamment les Conférences nationales à travers les interactions avec le Conseil et les secrétaires généraux, ont fait entendre leur voix et ont peser fortement sur l’élaboration de ce plan.
Les missions fondamentales de l’EUA ont été construites autour de priorités :
– l’influence et l’impact sur les décideurs, notamment au niveau de la Commission européenne et en soutien aux Conférences nationales ;
– une aide technique et politique pour soutenir les universités dans leur environnement et dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, d’intégration dans les écosystèmes et d’inclusion sociale ;
– une présence de veille et une prospective, agile et réactive, répondant aux évolutions qui affecteront l’Enseignement Supérieur et la Recherche et permettant de relever des défis sociétaux globaux ;
– Enfin, une attention particulière et un soutien à la solidarité européenne par toutes les expertises et les partages proposés par l’EUA, et par la synergie politique pouvant être portée par les conférences nationales dans chacun des Etats Membres.
Le premier des objectifs que se fixe l’EUA dans son plan d’action, c’est de développer sa stratégie d’influence. Comment le Conseil et le Board peuvent-ils contribuer conjointement à cet objectif ?
Sous l’impulsion du Président Michael Murphy, le Board a travaillé à être beaucoup plus proactif dans nos relations avec la Commission européenne en particulier. Et le Conseil a un rôle fondamental parce qu’il permet de mettre en commun des initiatives prises dans chaque pays et relayées par les ministres en charge de l’Enseignement supérieur et la Recherche ou des parlementaires de chacun des Etats membres. La synergie entre le Board et le Conseil est au cœur de la stratégie d’influence de l’EUA. Le fait d’être coordonné en particulier avec les conférences nationales (la HRK allemande, la KRASP polonaise, la CRUE espagnole et la CPU) est essentiel.
Pour renforcer la cohésion des universités européennes et donner plus de force à l’enseignement supérieur européen, quels outils l’EUA mettra-t-elle en place dans un futur proche ?
Une forte mobilisation autour de la communication et de la prise de décision collective me paraît essentielle. Un bon exemple est la mobilisation de l’équipe de l’EUA et de la secrétaire-générale, Amanda Crowfoot, depuis le début de la pandémie. En juin 2020, une table-ronde a été organisée pour partager les réponses des universités en Europe pendant et après la 1ère vague de Covid-19 : une quarantaine de présidentes et présidents d’université ont partagé leurs expériences et leur attitude dans cette crise sans précédent.
L’EUA entend pouvoir adopter rapidement des actions à mettre en œuvre collectivement.