
Science et société, liberté académique : retour sur le Congrès France Universités
Mercredi 15 octobre 2025, France Universités a organisé à l’Université Sorbonne Nouvelle une journée de réflexion et d’échanges autour des relations entre science et société. Chercheurs, étudiants, journalistes, responsables institutionnels et acteurs de la médiation scientifique se sont réunis pour un congrès qui a mis en lumière l’importance d’un dialogue renouvelé entre la recherche et le public, ainsi que la nécessité de défendre la liberté académique dans un contexte mondial d’atteintes croissantes à celles-ci.
La science, partie intégrante de la culture générale
La journée s’est ouverte sur un constat « Nous avons besoin de la science dans notre culture générale : elle nous apprend à penser dans la durée, à accepter l’erreur comme un passage nécessaire, et à cheminer patiemment vers la vérité. » Anne Sénéquier
Cette réflexion a introduit les discussions de la journée : Comment renforcer les liens entre science et société, davantage diffuser la recherche dans la culture collective et défendre la liberté académique en France et dans le monde ?
Des tables rondes pour penser autrement les relations science–société
Quatre tables rondes ont rythmé la journée, offrant une diversité de regards autour des grands enjeux contemporains.
La première, « La science a-t-elle toujours raison ? », a rappelé que le savoir scientifique se construit dans un processus complexe, fait d’avancées et de remises en question, et que l’Université joue un rôle central dans la formation d’esprits critiques.
La deuxième, « Comment exercer une recherche libre ? », a mis en lumière les pressions multiples, politiques, économiques ou idéologiques, qui pèsent aujourd’hui sur la liberté académique dans le monde, et la nécessité de la protéger.
La troisième, « De la science vers la société », a montré comment vulgarisation, médiation et co-construction permettent de renforcer le dialogue entre la recherche et les publics.
« Espérer que le public se déplace dans des lieux qui ne lui sont pas familiers peut fonctionner ponctuellement, mais pour le toucher durablement, il faut aller vers lui. Les succès des contenus scientifiques sur des plateformes comme YouTube prouvent que l’intérêt est bien réel », affirme Clothilde Chamussy, vidéaste et créatrice de la chaîne « Passé Sauvage ».
Enfin, « Parlons peu, agissons bien », a valorisé des initiatives locales qui font de la diffusion des savoirs un véritable ancrage territorial.
Des universités actrices du lien science-société
Au fil des interventions, plusieurs intervenantes et intervenants ont montré comment les universités expérimentent de nouveaux formats pour renforcer ce lien. À titre d’exemple, Hélène Boulanger, présidente de l’Université de Lorraine, a présenté Unys, une marque commune qui fédère la recherche, les compétences universitaires avec les partenaires lorrains. Pour elle « l’innovation ne naît pas dans une case : elle émerge des rencontres entre université, pouvoirs publics, organisations et citoyens. Avec Unys, nous créons ce terreau commun et nous nous donnons les moyens de faire rayonner la recherche et les compétences au service de la société. »
Elle a également mentionné le rôle stratégique de la communication scientifique : « Communiquer, c’est démultiplier les canaux et les contenus pour faire résonner la recherche auprès du plus grand nombre ! »
La science éclaire la société, les universités en sont la source
Cette journée a rappelé une évidence essentielle : la science naît et se développe majoritairement dans les universités, qui hébergent 90 % de la recherche nationale. Elle repose sur la liberté de chercher, d’enseigner et de débattre, des libertés qui doivent être pleinement garanties pour que la recherche puisse éclairer les enjeux de notre époque et contribuer au progrès de la société.
En défendant la liberté académique et en renforçant les liens entre science et société, France Universités réaffirme le rôle central des établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans la production des connaissances et leur partage aux publics, ainsi qu’à l’innovation. « Les libertés académiques ne sont pas une concession qui nous est faite, mais une condition indispensable pour exercer en tant qu’universitaire » indique Eric Fassin, professeur de sociologie à l’Université Paris 8.
Liberté académique : dix propositions pour agir
Moment fort de la journée : la remise à Lamri Adoui, président de France Universités, du rapport « Défendre et promouvoir la liberté académique », rédigé par Stéphanie Balme (à lire ici).
Ce rapport comporte 65 propositions pour mieux protéger et promouvoir la liberté académique. Parmi elles, France Universités en a retenu dix comme prioritaires pour guider son action de plaidoyer en France et en Europe, dans un contexte mondial de pressions croissantes sur la recherche.
« Nous demeurerons engagés pour une recherche libre et indépendante face à toute forme d’oppression ou de censure », Lamri Adoui, président de France Universités.
Remerciements
France Universités adresse ses chaleureux remerciements à The Conversation et Epsiloon pour leur contribution à la préparation et à l’animation des débats, à l’Université Sorbonne Nouvelle pour son accueil, ainsi qu’à l’ensemble des intervenants et intervenantes et au public présent, près de 300 personnes, pour la richesse des échanges tout au long de cette journée.
Sur le même thème