Handicap : la politique volontariste des universités a porté ses fruits
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Handicap : la politique volontariste des universités a porté ses fruits

France Universités : date de publication

    A l’occasion de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées qui a eu lieu du 14 au 20 novembre 2016, la CPU fait le point sur l’augmentation importante des effectifs étudiants et des personnels en situation de handicap dans les universités depuis dix ans. A titre d’exemple, le nombre d’étudiants handicapés a été multiplié par trois entre 2005 et 2015 (1) .

    Depuis plus de dix ans, les universités mènent une politique volontariste en faveur de l’accueil des étudiants handicapés Ces efforts ont produit des résultats puisqu’entre 2000 et 2015, le nombre d’étudiants handicapés à l’université est passé de 5083 en 2000 à 18794 en 2015.

    Un cadre juridique favorable

    Un cadre juridique solide a été mis en place, en plusieurs phases, dans les dix dernières années :

    La loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté de personnes handicapées a permis de faciliter l’accès des étudiants handicapés à l’université, tant sur le plan de l’accessibilité physique que sur celui de l’accès au savoir. L’objectif de la loi était de rendre les étudiants « autonomes » tout en trouvant toujours des mesures dites « de compensation » (ordinateurs équipés d’un logiciel permettant de grossir les caractères pour les personnes malvoyantes ; mise en place de boucles magnétiques pour les malentendants).

    – En 2007, une charte université/handicap a été signée entre la CPU et le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Elle a été renouvelée et enrichie en 2012. Elle introduit de nouveaux objectifs à atteindre pour l’université : la formation des étudiants par la consolidation des dispositifs d’accueil et d’accompagnement des étudiants handicapés vers l’insertion professionnelle ; la formation et la recherche sur le handicap par l’augmentation de la cohérence et de la lisibilité des formations et des recherches dans le domaine du handicap ; le développement des politiques de ressources humaines à l’égard des personnes handicapées ; le développement de l’accessibilité de l’ensemble des bâtiments et des services des établissements.

    – La loi de juillet 2013 pour l’Enseignement et la Recherche qui demande à chaque établissement d’enseignement supérieur de mettre en place un schéma directeur pluriannuel du handicap, intégrant les quatre objectifs de la charte de 2012.

    Une amélioration continue de l’accueil des étudiants en situation de handicap

    Depuis de nombreuses années, l’université accueille des étudiants en situation de handicap afin de les accompagner dans leurs études jusqu’à une insertion professionnelle de qualité. Alors qu’en 2000, ils étaient 5 083 dans les universités, ils sont passés à 6 412 en 2005 et à 18 794 en 2015. En dix ans, le chiffre a donc triplé et ne cesse de croître.

    En outre, les étudiants accueillis ont des troubles de plus en plus variés nécessitant des adaptations de l’université au cas par cas. Pour permettre un accompagnement optimal, les universités ont mis en place des services dédiés et des équipes plurielles afin de définir, en partenariat avec les équipes pédagogiques et médicales, les accompagnateurs et l’étudiant lui-même, un plan d’accompagnement de l’étudiant handicapé (PAEH) permettant de fixer ensemble les modalités d’études, de vie étudiante jusqu’à l’accompagnement vers l’insertion professionnelle.

    Une marge de progression importante existe cependant encore aujourd’hui, les étudiants handicapés restant sous-représentés en Master et en Doctorat, par rapport à la Licence.

    Des personnels handicapés de plus en plus nombreux dans les universités

    Le taux d’emploi de personnels handicapés dans les universités est passé de 0,88 en 2010 à 2,76 en 2016, soit un saut de 1300 personnes handicapées en 2010 à 4520 en 2016 (multiplié par 3,5). Depuis 2015, les universités peuvent recruter sur contrat des personnels en situation de handicap, qui pourront être titularisés par la suite. Cette modification statutaire va permettre aux universités de progresser encore, bien que le taux d’emploi de personnes handicapées dans les universités reste limité par l’étroitesse du « vivier » d’étudiants handicapés de niveau master et doctorat, pourtant en augmentation constante. Il est encore difficile pour les universités de recruter des personnes handicapées dans les emplois d’enseignement et de recherche, mais les universités s’y attèlent.

    La recherche sur le handicap en pointe dans les universités

    En concertation avec les organismes de recherche, l’université est le lieu où s’élabore la recherche sur le handicap. Plusieurs grands axes sont développés :

    – La biologie s’intéresse aux causes génétiques ou épigénétiques des handicaps. Citons, par exemple, les traitements des myopathies ou la recherche sur la régénération de la moelle épinière post-traumatique ;

    – Les sciences humaines et sociales avec en particulier l’étude du regard que la société porte sur le handicap ou l’étude du regard que les personnes handicapées portent sur elles-mêmes.
    A l’image de la recherche anglo-saxonne où les « disabilities studies » (recherches sur le handicap) sont très vivaces, les recherches pluridisciplinaires sur le handicap se sont multipliées en France depuis une vingtaine d’année. La psychologie en a fait un objet central d’étude depuis plus d’un siècle. Depuis quelques années, les recherches s’intéressent aussi aux facteurs sociaux, culturels et politiques qui affectent le quotidien de la personne en situation de handicap. Il s’agit notamment d’analyser les obstacles sociaux qui se dressent sur leur route. Ce besoin de savoirs scientifiquement attestés est particulièrement crucial dans cette période où le vieillissement de la population accroît le nombre de personnes concernées ;

    – La robotique centrée sur l’aide aux personnes handicapées, qui va de la micro-électronique aux appareils destinés à pallier les fonctions de handicap majeur.

    – Les technologies informatiques qui entendent simplifier la vie des personnes handicapées : on peut penser ici à l’interprétation des électroencéphalogrammes ou des mouvements oculaires qui permettent de suppléer des fonctions motrices défaillantes.

    Mis à jour et réédité en 2012, la CPU avait publié en 2007 le guide de l’accompagnement de l’étudiant handicapé à l’université. Sa vocation : donner des outils à tous les personnels des universités qui accueillent les étudiants en situation de handicap.

    (1) : Chiffres recensés par le MENESR et disponibles sur le site www.handi-u.fr

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