Etudes de santé : une réforme importante qui mérite toute notre « vigilance », pour Yvon Berland
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Etudes de santé : une réforme importante qui mérite toute notre « vigilance », pour Yvon Berland

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    Suppression du numerus clausus, fin de la première année commune aux études de santé (PACES), création de passerelles pour diversifier le profil des futurs médecins : les annonces faites par le président de la République, le 18 septembre dernier, dans le cadre du Plan santé, pourraient changer en profondeur la nature et l’organisation des études de santé au sein de nos universités. Si pour Yvon Berland, président d’Aix- Marseille Université et président de la commission santé de la CPU, la réforme va dans le bon sens, la vigilance doit être de mise pour éviter certains écueils.

    Le 18 septembre dernier, le président de la République annonçait la suppression du numerus clausus. Dans quelle mesure cette réforme est-elle nécessaire ?

    La suppression du numerus clausus s’inscrit dans un contexte plus large de réforme de l’organisation de l’offre de soins.

    Il s’agit d’instaurer un système de santé qui mettrait en place une collaboration plus forte entre tous les professionnels de santé. Chaque métier de santé devrait intervenir à son juste niveau de compétences, compétences acquises grâce à un niveau de formation différenciée. Deux nouveaux métiers devraient ainsi voir le jour :

    – « les infirmièr.e.s de pratiques avancées » auront la possibilité d’effectuer des actes qui étaient jusqu’ici réservés aux seuls médecins ;
    – La création d’assistants médicaux pour seconder les médecins dans leurs tâches administratives.

    Le principal objectif est de libérer du temps pour le médecin afin que ce dernier se consacre d’avantage à son cœur de métier.
    Pour répondre aux besoins de la population, notamment dans les déserts médicaux, le Président a insisté sur la nécessité de réorganiser les territoires, en décloisonnant le système public et privé. Des financements de près de 1,6 milliard d’euros seront consacrés à « la structuration des soins dans les territoires », ce qui va, à mon avis, dans le bon sens.

    Pour revenir à la suppression du numerus clausus, le président de la République a mis en évidence la nécessité de réguler le nombre de professionnels de santé. Il a été confié aux ministères le soin de travailler à la nouvelle organisation des filières de formation aux métiers de la santé (médecine, pharmacie, odontologie, sage femmes). Les universités doivent, quant à elles, travailler à rendre la formation plus diversifiée, permettant l’accès aux études de santé à des étudiants qui aujourd’hui en sont écartés.

    Quels sont les écueils à éviter ? Comment garder un parcours exigeant en supprimant le concours de fin de première année de médecine ?

    S’il est intéressant de permettre à des profils différents d’avoir accès aux études de santé, il faut veiller à construire un parcours de formation qui garantisse les mêmes compétences que celles que nos étudiants acquièrent aujourd’hui.

    De plus, la formation telle qu’elle est conçue aujourd’hui est rapidement professionalisante. Dès la 2e année, les étudiants font des stages hospitaliers. C’est un atout essentiel que la plupart des pays nous envient. La nouvelle organisation ne doit en aucun cas retarder cet accès précoce à la pratique de soins. Nous serons très vigilants sur ce point.

    Des passerelles supplémentaires vont être créées, qui permettront à des étudiants suivant d’autres disciplines de rejoindre les études de santé directement en 2e ou 3e année. Quelle serait, selon vous, l’intérêt d’une telle mesure ?

    En diversifiant le recrutement des étudiants, on diversifie par là même le profil des futurs médecins. A terme, cela peut avoir une véritable incidence dans la relation de confiance qui se tisse entre le patient et son médecin. Mais attention ! Aucune étude ne démontre aujourd’hui que les profils classiques (Bac scientifique avec mention) auraient moins d’humanité que les autres ! Nous ne sommes que dans des présupposés et tout cela doit être considéré avec prudence.

    Une chose est sûre, il importe d’introduire dans notre formation actuelle d’avantage d’items en sciences humaines, en droit, en économie…

    Les concertations commencent cette semaine. Les interrogations qui entourent la réforme doivent s’estomper progressivement. Au sein de la CPU, je vais proposer aux présidents d’université l’organisation d’un séminaire pour travailler à l’élaboration de propositions communes.

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