Entretien avec Yvon Berland : l’autonomie a permis à Aix-Marseille Université de s’affirmer comme « une université de rang mondial...
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Entretien avec Yvon Berland : l’autonomie a permis à Aix-Marseille Université de s’affirmer comme « une université de rang mondial...

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    En 2012, naît Aix-Marseille Université, fruit de la fusion des trois universités du site. Dans quelle mesure l’Université s’est-elle emparée des possibilités offertes par l’autonomie pour s’affirmer comme une université d’excellence à l’échelle nationale, européenne et internationale ? C’est à cette question qu’Yvon Berland répond dans cet entretien en mettant en lumière les pistes à explorer pour « inventer des dispositifs plus simples et plus souples au service des universités, de leur développement et donc du rayonnement de l’Enseignements supérieur, de la Recherche et de l’Innovation français dans le monde ». 

    CPU : Sur ces dix dernières années, de quelle manière l’Université Aix Marseille s’est-elle transformée ?

    Yvon Berland : Les dix dernières années ont vu des modifications profondes et structurantes du paysage de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation sur le site d’Aix-Marseille. Citons notamment la création de l’université unique du territoire : Aix-Marseille Université (AMU), née le 1 janvier 2012 de la fusion des trois universités du site. 

    Cette évolution majeure a été accompagnée par l’obtention en 2012 puis la pérennisation en 2016 de l’initiative d’excellence « A*Midex » et de l’Opération Campus qui ont permis de soutenir la structuration et l’affirmation d’AMU comme une université de rang mondial, attractive, reconnue mais également implantée et engagée sur son territoire. 

    Aujourd’hui, AMU est la plus grande université francophone du monde avec ses 78 000 étudiants et 8 000 personnels. C’est une université de recherche intensive reconnue à l’échelle nationale, européenne (3ème collecteur en France de fonds européens dans le cadre d’H2020 soit plus de 42 millions d’euros pour 71 projets) et internationale (classée 114 ème au classement de Shanghai en 2018). C’est aussi un acteur incontournable de son territoire métropolitain et régional, qui est engagé dans tous les grands projets structurants du site. 

    La dévolution prochaine du patrimoine d’Etat accentuera encore le rôle de l‘Université dans son territoire.

    Quelle grande réussite rendue possible grâce à l’autonomie retiendriez-vous pour votre Université ?

    Aix-Marseille Université n’occuperait pas la position qui est la sienne aujourd’hui à l’échelle internationale sans les marges de manoeuvre qui lui ont été octroyées par la loi LRU notamment et le principe d’autonomie de gestion budgétaire et de politique scientifique et académique. 

    AMU a défini une stratégie et une feuille de route pluriannuelle, dans les domaines de la recherche, de la formation, de l’innovation et de son pilotage, soutenue par l’idex pérennisée. Cette autonomie s’est accompagnée d’une nécessaire responsabilisation de l’établissement et d’une professionnalisation des équipes administratives. Aujourd’hui, AMU peut s’appuyer sur une situation budgétaire saine et la qualité de sa gestion financière et en matière de ressources humaines est reconnue. Nous avons ainsi pu mettre en œuvre en 2018 des programmes d’investissement en matière de patrimoine, d’innovation pédagogique et de soutien à la recherche sur mobilisation de notre fonds de roulement. 

    Sur quel volet le manque d’autonomie constitue-t-il un handicap au regard des politiques d’établissements et au regard des relations avec les universités étrangères?

    Tout d’abord, il est essentiel de ne pas revenir en arrière en matière d’autonomie des universités car c’est un point fondamental pour l’affirmation dans la compétition mondiale de l’ESRI. Il faut être attentif à ne pas mettre des chapes de plomb sur l’Université, ou la placer dans un carcan risquant d’étouffer les énergies et initiatives. Il faut au contraire aller plus loin et faire confiance aux universités.  

    Je prendrais un exemple : dans le cadre de la dévolution du patrimoine d’Etat qui sera effective pour AMU dans les prochaines semaines, il faut laisser la possibilité aux universités d’emprunter pour initier de véritable stratégie d’investissement et de valorisation de leur patrimoine.  Mais les évolutions possibles touchent aussi de nombreux domaines. Il faut laisser des marges de manœuvres en termes d’expérimentations, par exemple en matière de RH et de recrutements, pour permettre le déploiement de réelles stratégies scientifiques, inscrire le dialogue budgétaire Etat- université dans la pluriannualité. Il faut inventer des dispositifs plus simples et plus souples au service des universités, de leur développement et donc du rayonnement de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation français dans le monde. 

    AMU a développé une politique internationale dynamique s’appuyant sur une stratégie d’établissement et la définition de cibles institutionnelles et sur plusieurs projets phares dont l’engagement dans un projet d’université européenne avec 7 autres partenaires européens, la création d’un institut conjoint avec la Wuhan University of Technology à Wuhan, ou encore l’implication dans le projet d’université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée. Pour tous ces projets le soutien de l’Etat est indispensable mais les contraintes réglementaires françaises peuvent être un frein, notamment dans les coopérations en formation. A l’heure de l’engagement européen, il est impératif de repenser nos dispositifs et outils.

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