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[Éclairage] Une diminution du bruit sismique observée suite au confinement

France Universités : date de publication

    [Série] Regards croisés de chercheurs sur le Covid-19 : sismologie. Effet immédiat du confinement, les activités humaines sont au ralenti. La diminution du bruit sismique qu’elles engendrent permet notamment aux chercheurs d’observer de plus petits séismes.


    Jérôme Vergne est responsable
    du Réseau large bande permanent.
    Crédits DR

    Activités industrielles, trafic routier, mais aussi sauts de supporters durant la coupe du monde de football …  « Nous observons l’impact de tout un ensemble d’activités humaines sur les enregistrements des stations sismologiques », souligne Jérôme Vergne, chercheur à l’Ecole et observatoire des sciences de la terre (EOST), qui pilote le Réseau large bande permanent (RLBP), constitué de 150 stations sismologiques à grande sensibilité mesurant en continu les vibrations du sol sur le territoire métropolitain.

    Une baisse de 25%

    Depuis le début du confinement, avec d’autres collègues français ou étrangers, le chercheur remarque que le bruit sismique généré par ces activités, soit à des fréquences supérieures à ~1Hz, a diminué. « Nous avons analysé son évolution depuis le début du mois de mars (cf schéma) à plus d’une centaine de station du RLBP. »

    Résultat : les chercheurs notent une baisse moyenne de 25% de l’amplitude du bruit sismique suite à la mise en place du confinement. « La baisse est encore plus importante pour les quelques stations situées dans des villes. Ainsi, à la station de Strasbourg, située dans les locaux de l’EOST, le bruit sismique pendant la semaine (lundi à vendredi) est désormais similaire à celui qui était observé pendant les week-ends avant le confinement. D’un point de vue sismologique, c’est un peu comme si nous étions tout le temps en week-end », sourit Jérôme Vergne.

    Une augmentation de la détection de plus petits séismes

    Cette baisse des bruits de fond sismiques permet aux chercheurs d’améliorer leurs observations avec notamment une augmentation de la détection de plus petits séismes, de magnitude inférieure à 1. « N’importe quel séisme observé est une pierre à l’édifice pour mieux comprendre l’activité sismique de certaines régions », précise le sismologue.


    Niveau de bruit sismique ambiant en France.
    Les travaux de construction liés à l’EOST peuvent
    expliquer les variations observées avant le 17 mars.

    Autre avantage : comprendre l’origine de certains bruit sismiques. « Par exemple, si une fréquence particulière du bruit a disparu depuis qu’une usine est à l’arrêt, nous savons que c’est elle qui en était la cause. » Des données qui permettront à terme de cibler des lieux d’installation plus calmes pour les stations. « Comprendre l’origine du bruit, permettra de mieux s’en protéger dans le futur. »

    Marion Riegert

    Un réseau d’observation

    Les mouvements de l’écorce terrestre en France sont observés et analysés par différents réseaux d’observation géophysiques intégrés au sein de l’Infrastructure de recherche Resif (Réseau sismologique et géodésique français) à laquelle l’École et Observatoire des Sciences de la Terre (EOST) participe activement. Le suivi de l’activité sismique sur le territoire est effectué par le BCSF-RéNaSS, service d’observation national dont le site central est hébergé à l’EOST. Durant ces dernières années des efforts conséquents ont été entrepris pour automatiser les procédures de détection de la sismicité et pour fournir des outils permettant aux ingénieurs et chercheurs d’effectuer une bonne partie des analyses à distance. Cet effort a notamment permis au BCSF-RéNaSS d’assurer un suivi 7 jours sur 7 des récentes crises sismiques qui se sont produites en métropole ou dans le cadre de la crise sismo-volcanique à Mayotte. Ces outils permettent aujourd’hui au BCSF-RéNaSS de poursuivre en mode télétravail son rôle d’observatoire de la sismicité.

    Regards croisés de chercheurs sur le Covid-19

    Psychologie, éthique, économie, histoire, virologie… nous sommes partis à la rencontre de chercheurs de différents domaines de l’Université de Strasbourg pour apporter un éclairage sur la crise du coronavirus.

    Lire l’article sur le site de l’Université

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