[Éclairage] Recherche en sciences et humanités, deux piliers essentiels de la lutte contre le cancer
L’Institut Universitaire de Cancérologie (IUC) AP-HP. Sorbonne Université est un défi en termes de structuration et homogénéisation d’une activité spécifique dédiée aux cancers. Groupement hospitalier dont l’activité est répartie sur 7 hôpitaux, il est un atout du fait d’une part de la multidisciplinarité qui existe en son sein et d’autre part par son rattachement à une université elle-même embrassant un champ d’enseignement et de formation particulièrement ample. Éclairage par Joseph Gligorov, directeur de l’IUC AP-HP Sorbonne Université.
Les cancers sont les membres d’une famille nombreuse de maladies qui, au-delà de leur potentielle gravité, peuvent, à la suite de leur prise en charge, entrainer des conséquences multiples aussi bien sur le plan physiologique, que social ou psychologique.
La création de l’Institut Universitaire de Cancérologie AP-HP. Sorbonne Université a eu pour objectif de regrouper, au sein d’un même espace académique, les structures engagées dans la lutte contre les cancers. Sa particularité est liée à l’existence au sein de la même université, d’un large spectre de thématiques de recherche allant des sciences fondamentales aux sciences humaines regroupées au sein de 135 unités de recherche et une centaine de plateformes de recherche. Ces domaines appliqués à la cancérologie sont associés à un fort potentiel d’interaction et de transfert clinique et sont largement ouvertes sur la société collaborant également avec le monde de l’entreprise. L’IUC a permis les collaborations entre différentes équipes faisant partie de l’INSERM, du CNRS et d’autres structures et instituts propres à l’Université.
Si cette transdisciplinarité est utile à l’établissement des programmes de recherche clinique, elle est également indispensable au pragmatisme de la recherche appliquée, facilitant ainsi le transfert d’innovation. Trois axes spécifiques de recherche sont ainsi nés ces dernières années, s’inscrivant dans les objectifs prioritaires du dernier plan cancer décennal.
Les humanités au service de l’amélioration du rapport bénéfice risque des traitements contre le cancer
En collaboration avec le SIRIC Curamus et l’Université des Patients, un programme de formation des patients (patients experts et accompagnant en cancérologie) a permis de mettre en place un axe de recherche en sciences humaines et sociales dédié aux cancers.
Un programme de recherche explore les axes d’amélioration de l’échange d’information patients/soignants et patients /chercheurs afin d’augmenter l’efficience de la prise en charge de ces maladies sur le plan du vécu, de l’adhésion et l’observance aux traitements et la prise en charge des séquelles liées aux traitement et « l’après cancer ». Il implique non seulement des patients, des soignants, des philosophes et psychologues mais également des chercheurs en sciences de l’information et de la communication au sein de Sorbonne Université.
Un programme de recherche concernant l’optimisation de l’évaluation des soins de support, en collaboration avec l’association « Etincelle », a actuellement pour objectif de proposer un outil objectif et reproductible permettant de faciliter la valorisation, mais également le positionnement du patient au sein du parcours de soins. L’objectif de cette recherche doit permettre de contribuer à la prise en charge et un accès facilité aux soins de support d’intérêt.
La recherche dans le domaine des cancers rares
Un patient sur cinq présentant un cancer est porteur d’une forme rare. La particularité de ces formes est qu’elles ne répondent pas aux standards de prise en charge des cancers dits « classiques » et sont souvent exclues des programmes de recherche les plus fréquents portant sur de nouveaux traitements.
La collaboration entre le SIRIC Curamus, le CLIP2 Galilée et le réseau français CANCERVIH coordonnée au sein de Sorbonne Université a permis de déployer des programmes de recherche spécifiques portant sur les cancers immuno-hématologiques rares. Les axes de recherche se sont portés dans deux directions prioritaires : la caractérisation moléculaire de ces maladies et l’apport de nouvelles thérapeutiques très souvent non évalués dans ce type de cancers.
Le premier axe a permis la caractérisation génomique de la leucémie prolymphocytaire B, permettant de mieux définir cette entité pathologique rare et d’envisager des stratégies de traitement ciblés. D’autres travaux ont également contribué à mieux caractériser les cancers porteurs d’instabilité des microsatellites (MSI) et la place particulièrement importante de l’immunothérapie amenant à modifier des standards de prise en charge.
Le second axe a permis d’évaluer l’impact thérapeutique des immunothérapies dans une population de patients immunodéprimés et porteurs de cancers. Nous avons ainsi contribué, non seulement à montrer la faisabilité et l’efficacité potentielle de ces approches, mais également à démontrer l’impact positif de celles-ci sur des états d’immunosuppression viro-induits.
La recherche en prévention primaire et la santé globale
L’existence de 4 observatoires au sein de Sorbonne université que sont les stations marines de Banyuls-sur-Mer, Villefranche-sur-Mer et de Roscoff, ainsi que de l’observatoire des sciences de l’univers sont un atout majeur dans le domaine de la recherche en santé globale et médecine préventive visant à agir sur les déterminants de la santé.
Des programmes de recherche plus fondamentaux portant notamment sur le cycle cellulaire, la biochimie, l’évolution et la génétique des populations et le développement d’organismes marins permettent d’identifier de futures cibles thérapeutiques ou des traitements potentiels mais également de mieux comprendre l’influence des modifications de l’environnement sur l’émergence de certains cancers.
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