Disciplines rares : Défendre un héritage commun
S’organiser au niveau européen pour mieux préserver et soutenir les disciplines rares : tel était l’objectif du séminaire organisé le 9 septembre prochain à Bruxelles. Pour la première fois, le temps d’une journée, la CPU et 4 de ses homologues européens (la CRASP en Pologne, la HRK en Allemagne, la MRK en Hongrie et la VSNU en Hollande), ont réfléchi à la façon de préserver ensemble certaines disciplines à faibles effectifs mais à fort enjeu scientifique, culturel ou patrimonial et dont l’existence même est menacée.
Egyptologie, grec moderne, copte, mais aussi chimie théorique, métallurgie ou cristallographie : autant de disciplines comportant un faible effectif d’enseignants-chercheurs et peu d’effectifs étudiants.
Vers une définition de la notion
Si c’est évidemment une donnée importante, la notion de discipline rare ne peut s’apprécier seulement en termes d’effectifs : elle doit s’apprécier aussi en termes d’interactions entre la production de diplômés et de recherche, et les besoins scientifiques, économiques, et culturels de la société. La disparition d’une discipline entraine dans un premier temps la disparition des formations à haut niveau puis la perte progressive des capacités de recherche et de transmission des savoirs.
On distingue trois types de disciplines rares :
– Des disciplines rares car en mutation ou en émergence qui doivent être développées : c’est le cas du web-journalisme, par exemple ;
– Des disciplines rares par essence, comportant un faible effectif d’enseignants-chercheurs, et peu d’effectifs étudiants, mais avec un enseignement LMD complet dans 4 ou 5 établissements ;
– Des disciplines rares menacées comportant un faible vivier d’enseignants-chercheurs et/ou peu d’effectifs étudiants, qu’il faut potentiellement soutenir soit au niveau européen soit nationalement, soit sur un site ou dans un établissement.
Soutenir des disciplines au niveau européen
Aujourd’hui, force est de constater que la préservation des disciplines rares passe par la mise en place d’outils communs au niveau européen. Une interaction entre le niveau local, national et européen est une nécessité. C’est pour répondre à ce besoin que la CPU, la CRASP (Pologne), la HRK (Allemagne), la MRK (Hongrie), la VSNU (Hollande) et l’EUA (Association des Universités européennes) se sont réunies à Bruxelles, le 9 septembre prochain.
Pour élaborer une stratégie européenne de protection des disciplines rares, le séminaire a abordé un certain nombre de questions :
– Quelles sont les définitions et quels sont les enjeux des disciplines rares ?
– Comment avoir une connaissance plus fine de la situation dans les différents pays représentés ? La situation diffère en effet grandement d’un pays à l’autre. Certains pays, comme l’Allemagne, se sont déjà dotés d’un observatoire sur les disciplines rares, mais ce n’est pas le cas de tous
– Comment rendre compatibles au niveau européens les données nationales sur les disciplines rares ?
– Comment définir un plan de communication pour convaincre les institutions européennes de l’importance de ces disciplines ?
– Comment élargir le réseau ?
– Comment financer le soutien à ces disciplines ?
L’élaboration d’une feuille de route
A l’issue de la journée, un plan d’action a été présenté :
– Élaborer une vision commune au niveau européen afin d’apporter un soutien supplémentaire aux disciplines rares ;
– Mettre en place une cartographie pour mettre en évidence les situations de chaque pays
– Constituer un directoire politique chargé, avec l’EUA, de la coordination globale ;
– Mettre en place des solutions pour développer d’avantage la coopération entre pays ;
– Développer la communication avec les institutions européennes afin de les mobiliser sur cet enjeu ;
– Elargir le réseau aux autres conférences européennes ;
– Organiser un deuxième rendez-vous pour mettre en place la coopération rapidement.
La CPU mobilisée sur le sujet
Dès 2012, la CPU avait engagé une réflexion sur le sujet.
A l’occasion de son colloque annuel à Rennes, en mai 2013, consacré aux ressources humaines, la CPU s’était fait l’écho d’une réflexion sur les disciplines rares, et en particulier sur les disciplines émergentes.
En février 2014, Geneviève Fioraso, alors secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, confiait à Fabienne Blaise, présidente de l’Université Lille 3, Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine, et Gilles Roussel, président de l’université Paris-Est Marne-La-Vallée une mission conjointe de réflexion et de propositions dans l’objectif de revaloriser la place et le rôle de ces disciplines.
Le rapport, rendu le 16 décembre 2014, a mis en avant un certain nombre de propositions :
– La mise en place d’une phase d’observation de l’évolution des disciplines ;
– La mise en place d’une phase d’évaluation et de recommandations ;
– La mise en place de décisions et d’actions, relevant des établissements, de sites, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de la Commission européenne.
Ce rapport a servi de base à la réflexion du séminaire du 9 septembre.
Télécharger le programme du séminaire
Télécharger le compte-rendu du séminaire
Télécharger le rapport sur les disciplines rares de décembre 2014
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