Accompagner les étudiants français et étrangers sur l’ensemble de leur parcours de mobilité
Intervenant à la table ronde « Droit national, droit européen : comment dépasser les freins à la création d’un espace européen de l’étudiant » lors du colloque de la CPU, les 15 et 16 mars derniers, Jean Russo, Délégué général Erasmus Student Network France, revient pour le site de la CPU sur les spécificités de la mobilité étudiante en France. Pour lui, plusieurs leviers peuvent être actionnés pour inciter les étudiants français à un parcours de mobilité et développer un accueil de qualité pour les étudiants étrangers sur nos campus.
Photo : Jean Russo, Délégué général Erasmus Student Network France
CPU : La CPU a signé un accord-cadre en 2013 avec ESN. Comment s’est-il concrétisé en actions?
Jean Russo : En signant cet accord-cadre, nous avons pu formaliser les échanges réguliers que nous entretenons avec la CPU depuis de nombreuses années. Avec 36 associations réparties sur toute la France, ESN France est présent sur bon nombre de campus universitaires. Nous avons échangé sur la manière dont les liens entre l’Université et nos associations pouvaient se matérialiser en actions pour les étudiants internationaux, mais aussi pour les étudiants français afin d’accompagner ces derniers dans leur départ en mobilité.
La signature a permis aussi de renforcer les liens en termes de communication autour de certains projets sur lesquels la CPU nous soutient : je pense notamment aux forums de la mobilité ou au « BuddySystem ». Particulièrement innovant, il s’agit d’un système de parrainage entre un étudiant international et un étudiant local. Ce dispositif, qui permet d’offrir un accueil personnalisé tout au long du séjour en mobilité, vient en complément de ce qui existe déjà dans les universités. Aujourd’hui, le « Buddy System » est en pleine évolution. Il se développe à l’échelle européenne en Irlande et en Allemagne, par exemple. Et nous sommes en train de développer une nouvelle plateforme, qui sera opérationnelle en septembre, et dont certaines universités étrangères sont déjà partenaires : en Autriche, en Angleterre et en Finlande.
Enfin, l’accord-cadre permet de développer et de favoriser la communication sur les actions de nos associations, réalisées en partenariat avec la CPU.
Dans quelle mesure la mobilité étudiante peut-elle répondre à la crise de confiance que traverse l’Europe?
La mobilité étudiante est un formidable vecteur de citoyenneté européenne car elle tend à lever les freins à la compréhension des autres, à travers la découverte de cultures différentes.
En revenant, les étudiants ont souvent l’envie de partager leur expérience. Encore faut-il qu’ils soient accompagnés. Or il n’y a pas aujourd’hui de véritable cadre d’échange institué. Force est de constater que l’accompagnement est très hétérogène entre universités : certaines sont très impliquées sur cette question ; d’autres beaucoup moins…
ESN France essaie de pallier ce manque, en organisant des évènements tels « les cafés des langues », par exemple. Dans un espace convivial, sur le campus, ou dans un bar à proximité de l’université, les étudiants internationaux et français prennent le temps d’échanger sur leur départ en mobilité passé, présent ou à venir.
Nous avons été très sensibles au fait que la question de la mobilité soit au cœur du colloque de la CPU « L’Europe des universités », qui s’est tenu à l’université de Bourgogne le 15 et 16 mars derniers. La proposition 11 qui recommande de monter à 50% la proportion d’étudiants ayant bénéficié au cours de leur formation d’une période d’études ou d’un stage dans un autre pays européen » nous parait particulièrement positive. Il faut aujourd’hui redonner un espace à la mobilité, et faire en sorte qu’elle soit abordée de manière transversale dans l’ensemble des parcours pédagogiques et dans la vie de campus en général.
On observe un léger recul de la mobilité étudiante française sur la scène internationale. Quelles seraient les actions à mettre en place pour inciter les étudiants à un parcours de mobilité?
Si en France, la mobilité étudiante continue d’augmenter, elle augmente pourtant moins vite que dans d’autres pays européens. Je vois deux voies pour accroître les parcours de mobilité :
Faire travailler ensemble les différents acteurs : la question de l’accompagnement doit être pensée en lien avec l’université, la société civile et les territoires. La dimension multi acteurs est essentielle pour éviter les actions isolées et mettre en place de véritables stratégies.
« La nuit des étudiants du monde » est un bel exemple de projet propre à renforcer les liens entre les acteurs du territoire. Grande soirée d’accueil pour les étudiants du Monde venus étudier en France, l’évènement est soutenu par des partenaires aussi divers qu’IESN (International Exchange Erasmus Student Network), les Crous, l’Association des villes universitaires de France (AVUF), la CPU et Campus France.
Immerger d’avantage les étudiants internationaux à la vie du campus : pour ce faire, il nous semble primordial de les accompagner tout au long de leur parcours : avant leur arrivée en France, pendant leur séjour et à leur retour.
Les étudiants étrangers sont appelés en effet à devenir nos meilleurs ambassadeurs. Et il est important de soigner cela.
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