Les SHS, enjeux de développement économique, sociétal et culturel.
Le 21 novembre 2014 à Leiden, sept réseaux d’universités de recherche intensive de différents continents signaient une déclaration sur la recherche en sciences humaines et sociales (SHS).
Les signataires de cette déclaration s’engageaient à s’assurer que les SHS continueraient à recevoir un soutien effectif au sein de leurs institutions et à agir pour l’importance de la reconnaissance des SHS dans leur pays. Parmi les signataires de la déclaration, figuraient la LERU (the League of European Research Universities) et le RU11, le Consortium des 11 universités de recherche japonaises.
Or, le ministère de l’Enseignement supérieur japonais a récemment demandé aux universités japonaises de remplacer ces enseignements par des formations qu’il considère comme plus utiles à la société. Cette consigne prend place dans un arsenal de mesures visant à redresser la croissance japonaise.
Si les présidents des universités de Tokyo et de Kyoto ont fait part de leur refus d’appliquer cette consigne, vingt-six universités ont annoncé vouloir fermer leurs facultés de sciences humaines et sociales, ou du moins de diminuer leurs activités.
Les sciences de l’homme et de la société apparaissent ainsi aujourd’hui menacées. En temps de crise économique, la tentation est forte de ne plus investir que dans les domaines dont la valorisation économique et financière est facile à anticiper.
Face à de telles décisions, La CPU tient à affirmer le rôle essentiel des SHS pour comprendre les évolutions des sociétés humaines et répondre aux défis fondamentaux du XXIe siècle auxquels les sociétés sont confrontées. En période de crise, la recherche en particulier et l’enseignement en général ont plus que jamais besoin de l’apport des SHS. De la nécessité de créer un marché financier stable à l’urgence de faire face à l’extrémisme religieux, les disciplines des sciences sociales et des humanités ont un rôle à jouer dans l’établissement d’une société multiculturelle où les gens se comprennent et se respectent.
Toute nouvelle technologie comporte des dimensions humaines et sociales dont la prise en compte conditionne la réussite des objectifs poursuivis. Il n’est ainsi pas un programme de recherche important qui n’ait intégré les SHS comme un volet indispensable à la compréhension des processus ou des problèmes à étudier (sida, cancer, réchauffement climatique, biotechnologies, numérique, …).Tel est également le sens du développement des formations pluridisciplinaires où les SHS prennent place à côté des disciplines relevant des sciences et techniques.
La focalisation de l’activité scientifique sur des objectifs réduits et à court terme afin d’optimiser le retour sur investissement, l’orientation des financements vers une finalisation trop fléchée conduisent à un appauvrissement de la créativité scientifique, des résultats de la recherche et de son potentiel d’innovation.
C’est pourquoi, un tel accent mis sur les résultats à court terme constitue une menace pour les sciences humaines et sociales et dans un proche avenir fait courir un risque à l’ensemble de la recherche fondamentale.
Enfin, comme le rappelait le président de Shiga University Takamitsu Sawa, dans un éditorial pour le Japan Times, «Le fondement des sociétés démocratiques et libérales est l’esprit critique, qui se nourrit de la connaissance des humanités. Sans exception, les États totalitaires rejettent l’enseignement des humanités, et les États qui rejettent cet enseignement deviennent toujours totalitaires.»
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