CPU – 50 ans – La CPU comme objet de thèse : épisode 4
Etienne Bordes a soutenu sa thèse en histoire contemporaine en octobre dernier, à l’Université Toulouse 2 Jean-Jaurès. Passionné par l’histoire et les mutations des universités, il a consacré ces 5 dernières années à sa thèse « La Conférence des présidents d’université (1971-2007) : une socio histoire du gouvernement des universités ».
Dans ce quatrième et dernier épisode, l’enseignant-chercheur revient sur une personnalité qui a marqué l’histoire de la CPU : René Rémond, historien de renom et président de l’Université de Nanterre de 1971 à 1976.
L’attachement tout particulier qu’il a envers la CPU est à la hauteur de son investissement : il contribue à faire de l’Association la voix des universités, en organisant le premier colloque en 1975, qui est devenu depuis lors un évènement phare de la vie de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en France. Pour lui rendre hommage, la CPU réédite d’ailleurs son ouvrage La règle et le consentement avec SciencePo Les Presses et les Presses universitaires de Paris-Nanterre.
CPU : René Rémond été membre du Bureau de la CPU de 1974 à 1975. Quel était son attachement à la CPU ? En quoi a-t-il marqué son histoire ?
Etienne Bordes : Il a même été 1er vice-président de l’organisation !
René Rémond était sans nul doute très attaché à la Conférence des présidents d’université. Il a des pages presque tendres pour la qualifier dans La Règle et le consentement, ouvrage qui marque son analyse de sa présidence de Nanterre. Il y affirme d’ailleurs que « la CPU est le lieu où s’affirme la conscience des universités ». Cet attachement est durable et il n’hésite pas à prendre la plume dans la presse pour défendre les présidents lorsqu’ils sont attaqués à la fin des années 1970 par la ministre des Universités de l’époque, Alice Saunier-Séïté. On le retrouve encore à 83 ans au Colloque de Lille de la CPU pour évoquer sa vision de l’autonomie des établissements au moment où la Conférence réfléchit à des voies d’approfondissement. Vraiment, son appartenance à l’organisation l’a marqué durablement.
Charles Mercier, dans ses travaux, a très bien qualifié l’action de René Rémond comme chef d’établissement dans le contexte particulier de Nanterre et la place qu’il y a eu comme fondateur. Au sein de la CPU, il appartient à une première génération de présidents luttant pour approfondir l’autonomie des universités. Il se distingue en organisant le colloque de la CPU. Puisant dans ses expériences d’universitaire et dans sa familiarité au monde des organisations chrétiennes, il conçoit cette forme de réunion particulière comme une retraite loin de Paris qui associerait des présidents, des acteurs du ministère et d’autres secteurs administratifs qui interagissent dans la vie des établissements. Pour lui, le colloque était un moyen de garantir un temps long et approfondi de réflexion collective sur un thème particulier.
Le premier s’est tenu à Villard-de-Lans en 1975 pour réfléchir et faire des propositions sur l’autonomie des universités. La pratique a depuis perduré et pris un caractère régulier chaque printemps. Le colloque est ainsi son legs le plus durable dans cette organisation qu’il a contribué à fonder.