Histoire de l’Université

Histoire de l’Université

Focus sur l’histoire de l’Université

Aujourd’hui, avec 2 millions d’étudiants, soit près des deux-tiers des effectifs de l’Enseignement supérieur, et 92 000 mille enseignants, l’Université constitue, de très loin, la principale force de formation supérieure et de recherche en France. Depuis 800 ans, cette institution n’a cessé de se transformer.

Du Moyen-Age à la Révolution française

Les premières universités françaises sont créées au 13ème siècle : à Paris d’abord, puis à Toulouse et à Montpellier. A l’origine, l’université de Paris comprend 4 facultés : la théologie, le droit canon, la médecine et les arts. Dès le moyen-âge, les universités délivrent le baccalauréat, la licence, et la maîtrise ou le doctorat même si chaque université a son propre fonctionnement.

Progressivement, 22 universités sont créées jusqu’à la Révolution française, période à laquelle elles sont toutes supprimées.

Avec Napoléon, les universités tendent vers leur forme actuelle

En 1808, Napoléon crée des facultés dépendantes de l’État (4 facultés de théologie, 6 facultés de médecine, 12 facultés de droit et 27 facultés de sciences et de lettres). C’est le début de l’évolution qui mènera aux universités actuelles. Ces établissements délivrent alors essentiellement des formations professionnelles.

Condamnées sous la Restauration (1814-1830), les universités renaissent sous la Troisième République. Mais il s’agit de coquilles vides, aux domaines d’interventions très limités, contrairement aux facultés.

Parallèlement se développent les Grandes Écoles dont la vocation est de former les cadres de l’État. Les premières apparaissent au 18ème siècle. Le système napoléonien suscite la création d’écoles prestigieuses, comme l’École polytechnique ou l’École normale supérieure. C’est à partir de la restauration qu’elles se multiplient.

Le colloque national sur la recherche et l’enseignement scientifique de Caen en 1956 est à l’origine de mesures destinées à favoriser les études supérieures scientifiques, la construction d’Universités et de laboratoires, la constitution d’un fonds national de la recherche… Le colloque de Caen de 1966 permet, quant à lui, l’institutionnalisation à l’Université des Sciences de l’éducation.

Un nouvel élan grâce à la loi Faure

Après les évènements de mai 68, la loi Faure donne une véritable identité aux universités. Ce ne sont plus des fédérations de facultés mais des établissements dont les facultés (appelées UFR depuis la loi Savary de 1984) sont des composantes dépourvues de personnalité juridique. Elles sont administrées par des conseils élus. Dès lors, plusieurs universités peuvent être créées dans la même académie, à condition d’être pluridisciplinaires. A Paris, par exemple, une dizaine d’universités voit le jour.

Vers une professionnalisation des formations et une structuration de la recherche

La fin du 20ème siècle est essentiellement marquée par une augmentation sans précédent du nombre d’étudiants, issus de milieux sociaux de plus en plus variés. Pour répondre à ce phénomène, de nouvelles universités sont créées, d’abord lors de la mise en œuvre de la loi Faure au début des années 1970, puis au tournant des années 1990 avec le plan Université 2000.

Au cours de cette période, on assiste à la professionnalisation des formations dispensées par les universités : les diplômes universitaires de technologie, les licences et les masters professionnels sont mis en place dont les contenus sont concertés avec les branches professionnelles concernées. Un tiers des ingénieurs, par exemple, est aujourd’hui formé par les universités.

Et depuis 1984, les universités voient également la formation tout au long de la vie inscrite parmi leurs missions principales : la valorisation des acquis de l’expérience professionnelle prend progressivement forme.

Un autre phénomène marquant de cette période est la structuration de la recherche universitaire. Dans les années 90, apparaissent les unités mixtes de recherche avec la contractualisation pluriannuelle (aujourd’hui 5 ans) entre l’État, les universités et les organismes dont le périmètre ne cesse de s’élargir. Ces UMR coexistent avec les unités propres aux universités. En 2004, des « Assises nationales de la recherche » se tiennent à Grenoble. Ses travaux sont à l’origine de la création en 2005 de l’Agence nationale de la recherche (ANR) et, en 2006, de Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES). L’Université s’affirme ainsi comme le principal opérateur de recherche, son activité est coordonnée avec celle des organismes au sein d’Alliances1 créées en 2009 et 2010. C’est aussi le moment où le principe d’une évaluation indépendante s’incarne avec la création de l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) puis du HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche)

Le début des années 2000 voit également les universités renforcer leur dimension internationale et inscrire leur cursus dans le processus de Bologne initié en Sorbonne et basé sur la reconnaissance de trois niveaux de diplômes, licence, master, doctorat (LMD), afin de favoriser la mobilité entrante et sortante des étudiants et des jeunes chercheurs.

L’autonomie des universités, un tournant dans la gouvernance

En 2007, la loi relative aux Liberté et responsabilité des universités donne aux universités une forte autonomie, notamment en leur transférant la gestion complète de leur budget et éventuellement de leur patrimoine pour celles qui en font le choix. Elles restent néanmoins fortement sous contrôle de l’État qui habilite a priori les formations délivrées et les unités de recherches. Via le Recteur, chancelier des universités, l’Etat conserve aussi un rôle de contrôle budgétaire qui peut se substituer aux présidentes et présidents d’université en cas de manquement ou de déficit récurrent.

Les regroupements universitaires pour renforcer la synergie entre les acteurs

La loi pour l’Enseignement supérieur et la Recherche de 2013 va plus loin dans l’autonomie.  Elle supprime les habilitations a priori de chaque formation pour leur substituer des accréditations beaucoup plus larges qui permettent aux universités de mettre en place des formations qui seront évaluées a posteriori par une autorité indépendante. L’autre évolution notable inscrite dans la loi, est l’obligation faite aux universités d’une même académie2 de se regrouper soit en fusionnant, soit par association des établissements concernés à une des universités qui joue alors un rôle de chef de file, soit au sein d’une Communauté d’universités et établissements (ComUE) succédant aux PRES. Ce mouvement concerne également les Grandes Écoles publiques. Les structures privées sont encouragées à s’y associer car l’objectif est de poursuivre le rapprochement des différentes structures de l’Enseignement supérieur. Quelle que soit la forme choisie, c’est le regroupement qui devient l’interlocuteur principal du Ministère, notamment dans la négociation de contrats quinquennaux de sites à laquelle les collectivités territoriales (notamment les régions et les métropoles) sont associées.

A partir 2009 et à leur initiative, des fusions d’universités ont été opérées, leur permettant de gagner en visibilité internationale, de mettre en place une offre de formation unifiée, une harmonisation des services à l’étudiant, et une recherche capable de hisser l’établissement à des niveaux remarquables dans les classements internationaux.

Cependant, l’empilement de structures, consécutif à la création de COMUE, a conduit à leur préférer des formes plus souples de coordination.

La réforme de l’accès au premier cycle pour une meilleure orientation des futurs étudiants

En 2018, la loi relative à l’orientation et la réussite des étudiants (loi ORE) réforme les conditions d’accès au premier cycle. En lien avec la réforme du baccalauréat, « Parcoursup », la nouvelle plateforme d’orientation et d’affectation des bacheliers dans l’enseignement supérieur, est créée.

L’arrêté Licence, pris en application de cette loi met en place de nouveaux dispositifs tels que les contrats de réussite pédagogique, l’organisation de parcours adaptés, les blocs de compétences.

A noter également : les ordonnances de décembre 2018 contribue à modifier le paysage de l’ESR en rendant possible l’existence d’établissements publics expérimentaux, nouvelles formes de rapprochement entre les Ecoles et les Universités.

En décembre 2020, la loi de programmation de la Recherche pour les années 2021 à 2030 donne à la recherche française des marges de manœuvres financières supplémentaires, et permet de réelles avancées en faveur de l’attractivité des métiers et de l’amélioration des carrières des jeunes chercheurs. Elle constitue ainsi un point de départ pour renforcer le rayonnement de la recherche sur le plan international.

Il en est de même de la création, à partir de 2018, des 41 alliances européennes visant à offrir de nouvelles opportunités d’apprentissage, de recherche et d’innovation à l’ensemble de la communauté universitaire. En 2022, une nouvelle phase s’est ouverte avec la prolongation des alliances existantes et un nouvel objectif de 60 Universités européennes d’ici 2025.

Le financement sur projets, porté par le Secrétariat général pour l’investissement et désormais inscrit dans le plan France 2030, ouvre la voie à de nouvelles évolutions possibles pour rendre plus lisibles et attractifs les nouveaux cursus universitaires et la préparation aux métiers d’avenir. Dans un paysage universitaire stabilisé, les sujets de fond retrouvent leur place sur des problématiques majeures où se joue la souveraineté nationale.

(1) La France dispose de cinq Alliances dans les domaines des sciences de la vie et de la santé, de l’énergie, des sciences et technologies de l’information, de l’environnement, et des sciences humaines et sociales. La CPU est membre de chacune de ces Alliances et préside deux d’entre elles.

(2) Mais le groupement peut impliquer plusieurs académies voisines.

117
membres
2 millions
d'étudiants
3000
laboratoires de recherche
82
prix Nobel