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Quand le robot assiste l’étudiant handicapé

France Universités : date de publication

    Les robots de téléprésence permettent aux étudiants handicapés de l’université de Bourgogne de suivre un cours à distance de manière très confortable et efficace.

    Suivre un cours à distance est une nécessité pour certains étudiants en situation de handicap. Mais les solutions actuelles de visioconférence sont peu satisfaisantes : son et image de mauvaise qualité, difficulté à interagir avec l’enseignant et les autres étudiants… Alexandre Fournier, vice-président délégué au campus numérique, systèmes d’information et aux Learning Centers, et son équipe de l’université de Bourgogne ont testé avec succès une nouvelle solution, en collaboration avec la société Awabot : le robot de téléprésence.

    Rendre la personne à distance plus visible

    « L’idée est de personnifier la personne à distance à l’aide d’un robot, explique Alexandre Fournier. En effet, dans la visioconférence classique, les personnes à distance sont vite oubliées. Lorsqu’elles sont représentées physiquement, on les néglige moins. » Le robot est également doté de caméra de grande qualité et de plusieurs micros, afin que l’étudiant à distance suive au mieux le cours. La première utilisation de ce robot de téléprésence a eu lieu en septembre 2016 lors de la Nuit des chercheurs. Un étudiant avait ainsi pu poser une question depuis chez lui au conférencier Cédric Villani.

    Mais l’intérêt premier concerne les personnes en situation de handicap. « Une étudiante handicapée en fauteuil roulant a ainsi pu suivre un quart des cours grâce à un robot, tout en étant présente le reste du temps, raconte Alexandre Fournier. C’était plus simple pour elle, ça lui a permis de mieux suivre ses études, et de réussir son M1 que, souligne-t-elle, elle aurait eu du mal à obtenir sans ce dispositif. De notre côté, nous avons appris de cette expérience. »

    Expliquer le rôle du robot

    Car mettre un robot en amphithéâtre est moins simple qu’il n’y paraît. Il faut des personnes pour emmener le robot (constitué d’un socle qui roule, de deux tiges et d’un écran), vérifier que le wifi ou la 4G sont disponibles… Il faut également que l’enseignant et les autres étudiants s’habituent à sa présence. « Par exemple, l’étudiante à distance ne prévient pas toujours si elle coupe la connexion, cela peut déstabiliser l’enseignant, indique Alexandre Fournier. Les enseignants se demandent aussi s’ils sont enregistrés (la réponse est non). Bref, il faut expliquer pourquoi on met ce robot, comment cela se passe, et intervenir en cas de problème. »

    Aujourd’hui, l’université de Bourgogne dispose de huit robots de téléprésence, et peaufine la manière de les utiliser avec l’équipe de pédagogie numérique. Des étudiants ont été embauchés pour déplacer les robots, l’équipe pédagogique rencontre les enseignants, et explique aux étudiants en amphithéâtre. Les résultats sont là : « c’est vraiment comme si l’étudiant était en amphi, observe Alexandre Fournier. La qualité sonore est telle que l’étudiant à distance entend les conversations des élèves derrière lui.

    Garder le contact

    La question du coût est bien-sûr centrale, d’autant qu’il faut environ un robot par étudiant handicapé. Les prix sont en baisse : 10 000 euros il y a quelques années, 7 000 aujourd’hui, pour un appareil amélioré. Ils sont très robustes et ne nécessitent pas de maintenance. Et ils peuvent être utilisés pour d’autres usages, par exemple lors des événements promotionnels de l’université (un robot fait toujours sensation), ou pour que les enseignants-chercheurs partis pour de longues missions puissent garder le contact avec leur équipe, puisque le robot peut même se déplacer dans les laboratoires. « Ces robots pourraient aussi être utiles pour des personnes longtemps malades, pour qui la reprise du travail peut s’avérer compliquée: elles pourraient ainsi préparer leur retour, par exemple en assistant à quelques réunions à distance, indique Alexandre Fournier.  Nous collaborons avec une mutuelle sur ce sujet.»

    Aujourd’hui, les chercheurs et Awabot travaillent sur la troisième version du robot, afin de s’adapter au plus grand nombre de types de handicap possible. Aujourd’hui, ce robot a été testé pour des handicaps moteurs, demain il pourrait être utilisé pour des handicaps visuels, auditifs… Les chercheurs tentent aussi de rendre le robot plus autonome dans ses déplacements, par exemple qu’il puisse prendre seul l’ascenseur. Un robot plus autonome pour des étudiants handicapés plus autonomes !

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