L’Université n’est pas un sanctuaire. Pour l’Avenir, investissons !
S’appuyant sur une note de la Cour des Comptes, plusieurs médias se sont faits l’écho ces derniers jours d’une situation financière qualifiée de « très dégradée » pour 6 universités et de « dégradée » pour 9 autres, sur les 73 universités françaises.
Cette situation s’explique principalement par la quasi-stagnation depuis 2011 des financements en direction des établissements d’enseignement supérieur, et ce dans un contexte de forte augmentation du nombre des étudiants. Ainsi, la dépense par étudiant à l’université est passée de 11 040 € en 2011 à 10 300 € aujourd’hui alors que, dans le même temps, la dépense moyenne par étudiant progressait dans l’ensemble des pays de l’OCDE.
Cette diminution des financements de l’Etat par étudiant ne peut pas se poursuivre : elle placerait très rapidement toutes les universités dans une situation financière insoutenable, et mettrait un frein à leurs missions essentielles de formation de la jeunesse, de développement de la recherche et d’innovation. Dans un contexte où le nombre d’étudiants est en constante augmentation et où leurs attentes en matière de qualité des enseignements sont de plus en plus fortes, les universités ne pourront en effet plus contenir la dynamique de certaines dépenses, notamment celles liées à l’avancement des personnels (GVT) et des mesures catégorielles (augmentation du point d’indice, etc.) sur lesquelles elles n’ont aucune prise.
En effet, si la plupart des universités ont réussi jusqu’à ce jour à équilibrer leurs budgets, c’est au prix de coupes budgétaires souvent drastiques, de suppressions ou de gels d’emplois qui ont fortement dégradé les conditions d’accueil des étudiants et les conditions de travail dans nos laboratoires.
La « sanctuarisation du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche » qui figure dans le programme du Président de la République ne permettra pas aux universités de répondre aux défis démographiques (40 000 étudiants de plus en 2017 qu’en 2016), financiers, sociétaux (formation tout au long de la vie, numérique, innovations scientifiques et technologiques indispensables pour la compétitivité des entreprises…) auxquels elles doivent faire face.
Le projet de loi de finances pour 2018 devra intégrer des mesures incontournables traduisant des engagements antérieurs pris par l’Etat pour un coût de 120 M€. La « sanctuarisation » de la dépense de l’Etat par étudiant alors que 40 000 étudiants supplémentaires intégreront l’Université à la rentrée 2017, nécessite a minima un financement à hauteur de 320 M€. Enfin, le débat récurrent sur le financement du GVT, qui, depuis le passage aux responsabilités et compétences élargies, représente un montant annuel supplémentaire de 50 M€, et empoisonne les relations entre l’Etat et les universités autonomes, doit trouver une solution sur la base du principe décideur/payeur. Ainsi, si l’Etat se contentait de maintenir les universités dans l’état dégradé dans lequel elles se trouvent aujourd’hui ainsi que les niveaux de financement déjà faibles par étudiant, il serait déjà nécessaire d’abonder le budget de fonctionnement des universités d’au moins 490 M€.
Les universités sont au cœur de défis économiques et sociétaux majeurs pour l’avenir de notre pays. Ces enjeux engagent la qualité de notre enseignement ainsi que l’excellence de notre recherche. Or, la stagnation des crédits budgétaires alloués aux universités, aux organismes de recherche ainsi qu’à l’ANR fragilise la place de la recherche française dans le monde et in fine la place de la France dans le monde. C’est pourquoi l’Etat ne doit pas se contenter de « sanctuariser les financements » de nos établissements en voie de paupérisation, mais il doit investir dans l’avenir pour revenir dans la course internationale des savoirs et abonder le budget des universités à hauteur d’1 Md€ supplémentaire par an pendant la durée du mandat.
Au-delà de ces financements nécessaires à l’accomplissement de nos missions au service de la Nation, il n’est pas moins urgent de rénover énergétiquement l’immobilier universitaire, qui représente un tiers des surfaces de l’Etat. Avec 18,5 millions de m² de bâti, les universités et leurs campus sont des acteurs publics majeurs, particulièrement appropriés pour mettre en œuvre les objectifs de réduction des consommations inscrits dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) du 17 aout 2015 et servir de démonstrateurs pour l’ensemble des territoires français. Mais pour cela il faut investir dans la rénovation des campus.
L’enseignement supérieur et la recherche ont besoin d’un financement adapté car ils sont un investissement pour l’avenir. La CPU demande simplement que les nouveaux pouvoirs publics s’engagent de façon concrète pour la jeunesse et l’avenir de la Nation.
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