[Étude] Causes et conséquences de l’élévation du niveau de la mer à l’horizon 2100
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[Étude] Causes et conséquences de l’élévation du niveau de la mer à l’horizon 2100

France Universités : date de publication

    Un groupe pluridisciplinaire de chercheurs d’Allenvi a établi divers scénarios sur les impacts futurs de l’élévation du niveau moyen de l’océan et ses conséquences. Le groupe de travail qui a abouti à ces prospectives était composé de chercheurs issus de nombreux organismes (Ifremer, Ifsttar, IRD…) et de plusieurs universités dont l’Université Grenoble Alpes, La Rochelle université ou encore l’Université Le Havre Normandie. 

    Il est désormais admis que la montée du niveau de la mer est liée au réchauffement climatique et aux émissions de gaz à effet de serre. Ce phénomène, qui s’accélère, est lié à l’ampleur et à l’intensité des activités humaines. Même si les impacts de l’élévation du niveau moyen de la mer restent encore faibles aujourd’hui, les projections tendent à montrer que cette hausse va s’accentuer avec des conséquences importantes à terme sur les écosystèmes naturels, l’habitat et les activités humaines des zones côtières qui accueillent près de 60% de la population mondiale.

    La montée du niveau de la mer : un phénomène irréversible aux conséquences massives

    Les données de la littérature scientifique montrent que les effets de la hausse du niveau de la mer sont déjà visibles dans de nombreux pays et régions du monde. Mais les marges d’incertitude de cette hausse, à l’horizon de la fin du siècle par exemple restent larges, ce qui ne facilite pas les prises de décision des responsables économiques et politiques. De fait, les résistances aux changements sont nombreuses. Enfin, les (r)évolutions comportementales, sociétales, technologiques, économiques et politiques nécessaires pour renverser la tendance dans le changement climatique ont des coûts très élevés, quand ils sont calculables.

    Anticiper les enjeux de la montée de la mer à l’horizon du siècle par la prospective

    A travers un exercice de prospective de l’alliance nationale de la recherche en environnement (AllEnvi), des scénarios qualitatifs envisageant divers futurs possibles ont été construits pour anticiper les conséquences du phénomène à l’horizon 2100 et positionner les enjeux de recherche. Ces scénarios visent à faciliter la prise de conscience des enjeux, la représentation des options stratégiques et l’évaluation des conséquences des choix en éclairant les acteurs de la recherche sur les priorités à considérer à long terme.

    Une grande amplitude des hypothèses d’élévation du niveau des mers retenues à 2100

    Trois facteurs jouent un rôle majeur dans la dynamique de la montée du niveau de la mer à l’horizon 2100 sous l’effet de la hausse des températures : la fonte des glaces des calottes polaires, la dilatation de l’océan sous l’effet du réchauffement, et la fonte des glaciers terrestres. Les scénarios décrivent la diversité des possibles sous diverses hypothèses de contexte physique d’élévation du niveau de la mer (modéré, sérieux, grave, extrême), avec des élévations moyennes allant de 0,5 à 2 m associées à une intensité croissante des tempêtes.

    Des scénarios à la croisée de l’adaptation des littoraux et de l’atténuation du changement climatique

    Ainsi, huit scénarios ont été décrits et sont regroupés en trois grandes trajectoires liées aux orientations de gouvernance. Celles-ci sont au croisement de deux axes de priorité d’action : les politiques d’adaptation nationales ou locales et les politiques d’atténuation globale du changement climatique.

    • La première famille, l’« Adaptation littorale prioritaire» compte 4 scénarios :

    a.La maîtrise climatique, qui permet de gérer une faible hausse du niveau de la mer;

    b.Les villes résilientes qui donnent la priorité à leur protection;

    c.La sobriété et l’anticipation qui permettraient de maintenir la hausse du niveau de la mer dans des limites encore faciles à gérer ;

    d.L’adaptation prioritaire et l’atténuation tardive qui « rattrape » les négligences initiales d’atténuation.

    • La deuxième famille, celle du « Déni » compte 3 scénarios :

    a.Du déni à la réaction, mais celle-ci étant tardive, les conséquences sont lourdes ;

    b.L’abandon du littoral avec le repli généralisé des intérêts stratégiques vers l’arrière-pays ;

    c.La passivité persistante qui ne peut éviter à terme des crises généralisées et chroniques.

    • La troisième famille, celle du « Monde fragmenté » est celle du scénario de l’individualisme des pays face à un péril pourtant commun, ce qui ne permet pas d’agir pour freiner la montée du niveau de la mer.

     

    Des recherches interdisciplinaires pour anticiper des situations de vulnérabilité des zones littorales

    Les scénarios envisagés par Allenvi montrent que, si des politiques vigoureuses et pérennes d’atténuation du changement climatique ne sont pas mises en œuvre au niveau mondial avant 2040, les efforts d’adaptation du littoral devront faire face à des situations de type « grave » ou « extrême » d’ici la fin du siècle. Dans tous les cas, agir conjointement en anticipant la hausse du niveau marin et en limitant le changement climatique permettrait de réduire les coûts de l’adaptation littorale et de limiter les crises. Des recherches interdisciplinaires restent à conduire en y associant tous les acteurs, depuis la société civile jusqu’aux Nations-Unies, pour comprendre, mesurer et projeter le phénomène, évaluer ses impacts, engager les transitions littorales et urbaines, préciser et mettre en œuvre les moyens de réduire ou compenser les effets des submersions, limiter les inégalités face aux risques et gérer les situations de crise qui sont d’ores et déjà inévitables à moyen terme.

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