Choisir son avenir professionnel
La Conférence des Présidents d’Université manifeste sa volonté de participer activement à la transformation de la formation professionnelle, l’université étant aujourd’hui un acteur incontournable du lien formation/emploi.
Étude après étude, le même constat se vérifie : le diplôme de l’enseignement supérieur est le meilleur rempart contre le chômage. Que ce soit en formation initiale ou en formation tout au long de la vie, l’offre de formation universitaire est particulièrement dense : diplôme universitaire technologique (DUT), licence professionnelle, licence générale, master, doctorat, titre d’ingénieur. Autant de formations qui figurent aujourd’hui au Répertoire nationale des certifications professionnelles (RNCP) en vertu de l’article L 335-6 du Code de l’éducation.
En 2013, les universités ont réformé la nomenclature de leurs diplômes, réduisant le nombre des intitulés de licence et master pour assurer une meilleure lisibilité de l’offre de formation universitaire. Ainsi, nous sommes parvenus à une harmonisation nationale de l’offre, via des mentions uniques, tout en affirmant l’autonomie pédagogique des établissements grâce à des parcours prenant en compte les spécificités des recherches qui y sont conduites, et les besoins en compétences des partenaires économiques de chacun des sites.
La CPU rappelle donc à cet effet la nécessité de reconnaitre l’ensemble de l’offre diplômante des universités et de maintenir l’inscription de droit au RNCP dans le cadre de la révision du processus d’inscription des certifications par la Commission Nationale des Certifications Professionnelles (CNCP). Elle rappelle également que le dialogue entre les acteurs de l’enseignement supérieur et les branches professionnelles est nécessaire tant au niveau local que national et qu’un lieu dédié doit etre envisagé.
Nos diplômes professionnels ou généraux, en formation initiale ou continue, tous appuyés sur la recherche et l’innovation, incluent des possibilités d’alternance variées comme la généralisation du contrat de stage, le contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, l’année de césure ou encore l’entreprenariat étudiant. Les universités forment ainsi des esprits aptes à s’adapter à des parcours professionnels qui ne sont et ne seront plus linéaires. À cette fin, nous entretenons un dialogue constant avec les employeurs potentiels. C’est au sein des conseils de perfectionnement de chaque formation que s’effectue un travail de co-construction des attendus, voire de certains contenus, avec les entreprises et de participation de professionnels aux enseignements.
Ainsi, l’élaboration des référentiels de certification/compétences/formation apparaît comme un tout cohérent écrit de concert avec l’ensemble des acteurs. Dans cette droite ligne, nous menons une réflexion avec nos partenaires économiques et institutionnels sur la définition des blocs de compétences ; nous aimerions être davantage associés aux travaux du ministère du travail et des branches professionnelles afin de pouvoir inclure les diplômes du supérieur dans cette grande dynamique nationale. A cet égard, la CPU pense essentiel de siéger au sein de France Compétences soit en tant que collectif d’organismes de formation soit au travers de son président en tant que personnalité qualifiée.
L’insertion professionnelle de nos étudiants mais aussi la réinsertion des chômeurs ou la reconversion des actifs , l’accompagnement des transitions professionnelles, est une des missions des universités depuis 2007. Les allers-retours formation/emploi deviennent d’une part le quotidien de nos apprenants mais, surtout, la conception à venir d’une vie professionnelle pour nos concitoyens et nous souhaitons nous donner les moyens d’y répondre au travers du développement de de la Formation tout au long de la vie (FTLV). La massification d’ingénieries de parcours multimodales (Validation des Acquis de l’Expérience, formation en présentiel, à distance, sur et hors temps de travail) sur tous les diplômes nationaux (DUT, licences générales ou professionnelles, master et doctorat) constitue une réponse universitaire à l’adaptation du plan de formation aux parcours individuels des actifs et aux problématiques de gestion des compétences des entreprises.
Nous rappelons qu’en 2015 un accord CPU-COPANEF (Comité paritaire national emploi formation) a abouti pour que l’ensemble de nos formations apparaisse sur les listes éligibles au CPF (Compte personnel de formation) dès lors que ces dernières rempliraient des critères préalablement définis ; c’est le chantier que nous avons entamé depuis. Nous souhaitons continuer ce travail de rapprochement tout en mettant en avant l’évaluation et la qualité de nos formations, reconnues et garanties au travers de l’accréditation en amont de toute création de mentions de diplôme du ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation et suite aux dispositifs d’évaluation en aval de ces dernières par le HCERES (Haut Conseil de l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) ou la CTI (Commission des Titres d’Ingénieur).
Nos activités de Formation Continue Universitaire sont, qui plus est, encadrées par des systèmes d’assurance-qualité ; entre autres labels, la «Certification de services FCU», co-construite avec les partenaires sociaux, validée par le COFRAC (Comité français d’accréditation) et délivrée par un tiers de confiance est inscrite sur la liste du CNEFOP (Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles) depuis octobre 2016.
Nous souhaitons sur ce point approfondir la réflexion en posant la question de l’évolution du cahier des charges en matière d’assurance qualité. Jusqu’ici le travail qui a été effectué s’attachait à la qualité de l’environnement de la formation. Les universités souhaitent que les exigences évoluent afin de renforcer l’évaluation de l’action de formation tant sur le plan de son contenu que de ses modalités.
Aujourd’hui, plus de la moitié des universités ainsi que le CNAM sont déjà engagés dans des démarches d’amélioration continue et de remise du stagiaire au cœur de notre démarche, et près de 25 établissements devraient obtenir la certification de services FCU, avant fin 2018. Les démarches induites par la certification de services concourent par ailleurs à la logique d’autoévaluation et de publicité, conduite dans les universités sur l’ensemble de ses missions.
Par ailleurs, dans le cadre de la définition de l’action de formation – postulat sine qua none à toute forme d’ingénierie pédagogique, financière et modalités de gouvernance- il est nécessaire de ne pas oublier l’objectif initial depuis les années 2000 de sécuriser les parcours professionnels. A cet effet, les formations aux gestes en entreprises présentent des finalités opérationnelles rapides mais ne relèvent pas de compétences transférables et transposables. La création de nouveaux droits doit être attachée à la personne et non à l’emploi ; c’est en tout cas l’esprit des lois en matière de formation professionnelle depuis une quinzaine d’années et les universités promeuvent cette ligne au travers de leurs diplômes avec des compétences dites transversales et préprofessionnelles.
A ce titre, et au vue des annonces en matière d’organisation de filières pilotées par un nouvel opérateur compétences, nous pensons être à même de répondre à cette demande de construction de diagnostic « compétences de demain pour l’innovation, le développement économique et la sécurisation des parcours ». L’université possède de facto la capacité d’apporter une vision multiscalaire nationale et locale, issue de la diversité unique des relations qu’elle entretient avec les entreprises, les branches professionnelles et les territoires, en lien avec la recherche et l’innovation, tout domaine confondu.
Acteurs et contributeurs au dévelopement des territoire, les établissemenst d’enseignement supérieur sont soucieux de maintenir le dialogue avec l’échelon régional. Si les universités doivent trouver leur place dans les instances de gouvernance et commissions de travail de la future agence France compétences, il apparait essentiel qu’elles continuent d’être un partenaire priviligié au sein d’instances régionales.
En outre, les universités souhaitent poursuivre leur mission d’orientation et de guidance qualifiée des publics et ce dans des logiques de co-construction tant avec les opérateurs du CEP (Conseil en Evolution Professionnelle), acteurs majeurs de l’orientation et accompagnement des actifs qu’avec les opérateurs compétences, en charge du conseil et accompagnement des entreprises.
Elles doivent, enfin, pouvoir réflechir à la mise en place de filiales ou de sociétés universitaires de recherche, leur permettant de gérer leur offre de formation continue dite concurrentielle en toute fluidité. Or à ce jour, il leur est opposé le principe de spécialité. Il découle qu’un établissement public a un champ d’action circonscrit par le périmètre de ses missions. Selon cette conception, le principe de spécialité interdit à un établissement d’exercer des activités étrangères à sa mission, sauf si ces activités en sont le complément normal et sont directement utiles pour l’amélioration des conditions d’exercice de celle-ci. L’objet de la mission d’un établissement public peut, en outre, à tout moment être complété ou précisé par un acte réglementaire ou par la loi s’il constitue à lui seul une catégorie d’établissement public.
Il conviendrait dès lors, sur la question de l’apprentissage et de la formation professionnelle, d’ajouter une mission au service public d’enseignement supérieur (article 123-1 et suivants du code de l’éducation)
Ces nouveaux modes de collaboration, le besoin d’informations fiables à disposition d’individus plus autonomes dans leur choix, les politiques d’investissement formation des entreprises imposent aux universités d’être pleinement reconnues et visibles dans le futur grand SI ( Système d’Information) de la Formation Professionnelle et plus largement au sein même de la Formation Professionnelle du coté du ministère du travail et des branches professionnelles.