Reconstruction du système universitaire en Haïti : la CPU a répondu présente
6 ans après la catastrophe sismique en Haïti de janvier 2010 qui couta la vie à 230 000 personnes et qui détruisit partiellement l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) à Port-au-Prince, le système universitaire reprend progressivement vie. Forte de ses liens historiques, linguistiques et culturels avec l’Ile, la France s’est largement investie. Sous l’impulsion conjointe de la CPU et de la Délégation aux relations européennes et internationales à la coopération (DREIC), un consortium d’établissements supérieurs français a été constitué au mois de juin 2011 pour aider à la reconstruction du système universitaire haïtien.
Zoom sur l’engagement la CPU.
Il est des épreuves qui marquent durablement un pays. C’est le cas du séisme du 12 janvier 2010, qui laissa notamment la capitale Port-au-Prince en ruines. Immédiatement, la communauté internationale s’est mobilisée en rassemblant un fonds d’aide d’un milliard de dollars. Et depuis 6 ans, les haïtiens œuvrent ensemble à rebâtir leur pays.
Reconstruire le système d’enseignement supérieur : un travail de longue haleine
Comme de nombreux autres secteurs, le système universitaire a été profondément bouleversé. Plusieurs universités dont l’UEH et son Ecole normale supérieure ont été complétement dévastées. Avec la majorité de ses professeurs décédés ainsi qu’une promotion d’étudiants, le département de géographie de l’UEH a été le plus durement touché.
La France est le partenaire bilatéral le plus engagé dans l’Enseignement supérieur et la Recherche en Haïti grâce à ses universités et écoles mais aussi ses laboratoires, notamment ceux de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), soutenus et orchestrés par le MAEDI (via le Service d’action culturelle et de coopération de l’Ambassade), et par le ministère de l’Enseignement supérieur (via la CPU). Les établissements d’enseignement supérieur français et haïtiens ont une longue tradition d’échanges et de partenariat, le français étant la langue de travail des universités en Haïti.
Suite au séisme, cette coopération a été renforcée et l’entraide commence à porter ses fruits.
Un programme de bourses comme réponse immédiate
En juin 2011, la CPU et la Délégation aux relations européennes et internationales et à la coopération (DREIC) créent, sous l’impulsion de Camille Galap, à l’époque président de l’université du Havre et président de la commission Vie de l’étudiant et des questions sociales à la CPU, et de d’Hervé Sabourin, alors vice-président en charge des relations internationales de l’université de Poitiers, l’Association d’Universités et d’Etablissements Français pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche en Haïti (AUEFERH). La première tâche de ce consortium de 33 établissements a été de gérer le programme national de bourses offertes par le Gouvernement français à 700 étudiants haïtiens entre 2010 et 2012. Tous ces étudiants ont ainsi été accueillis dans les universités françaises pour une durée de six mois minimum. Il est à noter que certains d’entre eux sont revenus pour enseigner dans le nouveau campus de Limonade de l’UEH créé en 2012. Le programme a permis à Haïti de disposer d’un contingent de cadres de niveau Master indispensables au processus de reconstruction du pays.
Aujourd’hui dissoute, cette association a posé les jalons d’une collaboration plus étroite, formalisée en 2015. Hervé Sabourin ayant été nommé directeur du Bureau Moyen-Orient de l’AUF à Beyrouth, c’est Annick Suzor-Weiner, professeur émérite à l’université Paris-Sud, qui suit les opérations, sous l’autorité de Jacques Comby, président de l’université Jean-Moulin-Lyon 3 et président de la commission des relations internationales et européennes de la CPU.
Une collaboration gravée dans le marbre
Dans la droite ligne des « Assises nationales de l’éducation » organisées en Haïti en avril 2014, et auxquelles la CPU avait participé, une convention-cadre a été signée en mars 2015 entre la Conférence des recteurs, Présidents, et Directeurs d’institutions universitaires d’Haïti (CORPUHA) et la CPU. Les deux parties se sont engagées à encourager et à faciliter la coopération entre les universités françaises et haïtiennes dans le domaine de la formation et de la recherche ainsi qu’à favoriser l’aide à la structuration des universités haïtiennes, en termes de gouvernance, d’organisation des services et d’installation d’une démarche-qualité. La convention prévoit notamment :
– La mise en place en Haïti de programmes de Master sur des thématiques ciblées, permettant notamment la constitution d’un vivier significatif de futurs doctorants ;
– L’accueil de chercheurs haïtiens dans les laboratoires des universités françaises ;
– L’aide à la structuration d’équipes de recherche en Haïti ;
– La collaboration entre équipes de recherche des universités françaises et haïtiennes sur des thématiques précises.
Signée pour une durée de cinq ans, cette convention pourra être renouvelée.
Une consolidation et de nouveaux projets en 2016, en synergie avec l’Ambassade, l’IRD et l’AUF
2016 verra le suivi d’actions déjà lancées en 2015, parmi lesquelles la Licence Inclusion sociale sur le campus de Limonade au nord de l’ile, le Master de Physique créé à l’UEH-ENS, et le master Géosciences-Géorisques de la Faculté des Sciences de l’UEH, en cours de montage.
De nouvelles actions sont prévues dans une programmation commune avec le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France, l’IRD et l’AUF, parmi lesquelles :
– La mise en place de filières courtes, en particulier à destination des Universités Publiques en Régions avec l’utilisation de ressources numériques ;
– L’introduction de classes inversées et de ressources à distance entre les formations, grâce à une plate-forme mutualisée d’enseignement à distance mise en place par l’ESIH (Ecole supérieure d’infotronique d’Haïti) qui a déjà expérimenté un master MIAGE à distance avec l’Université de Picardie Jules Verne ;
– Le soutien au Collège doctoral haïtien, créé en 2013 sous l’impulsion de l’AUF et fédérant les écoles doctorales des 3 établissements qui délivrent des doctorats ;
– Le soutien à de jeunes équipes de recherche, via des thèses en cotutelle.
En mai 2015 à Cuba, à l’occasion de la visite présidentielle, une convention-cadre a été signée entre la CPU et la Conférence régionale des Recteurs, Présidents et Directeurs d’institutions universitaires membres de l’AUF dans la Caraïbe (CORPUCA). Grâce à cette approche régionale, la France a formalisé un partenariat précieux avec l’ensemble des pays de la Caraïbe.
Photo : signature de la convention-cadre, en mars 2015, entre Jean Vernet Henry, Recteur de l’Université d’Etat d’Haïti et Jean-Paul Jourdan, président de l’université Bordeaux Montaigne
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